Cine-emotions

On savait déjà que le cinéma français n'était pas mauvais pour offrir à ses spectateurs des thrillers qui tiennent la route. Sans laisse de traces pourrait bien en faire partie.

L'histoire de ce film est en quelque sorte très simple. Etienne, 40 ans, est sur le point de reprendre la société de son beau-père, mais reste en proie aux doutes. Et notamment une erreur de son passé. Son succès est dû à une personne qu'il a lésé dans le passé pour devenir ce qu'il est aujourd'hui. Rongé par la culpabilité et suivant les conseils d'un ami d'enfance retrouvé par pur hasard, il se rend chez cette personne pour le dédommager (c'est encore politiquement correct, et à la limite on peut en comprendre les motivations). Sauf que les choses tournent mal pour Etienne (Benoît Magimel) et Patrick (François Xavier-Demaison), puisque ce dernier tue l'homme en question. Alors qu'on pourrait très bien se demander quel genre de mauvaise culpabilité à pousser Etienne à aller s'excuser, la suite de l'histoire enchaîne les cascades.

Le film s'amuse déjà des clichés sur les grosses entreprises, où toutes les malversations (emplois fictifs, dédommagement à l'amiable, meurtres et trahisons) se retrouvent. Pour avoir « voler » l'idée de cet homme, Etienne qui est au bord de voir aboutir son succès, est rongé par la culpabilité (que c'est beau). Et c'est avec cet ami sortit de nul part que l'action débute. Il fallait bien trouver un semblant de mobile qui tiendrait plutôt bien pour démarrer l'histoire. Derrière, Grégoire Vigneron (réalisateur et scénariste) et Laurent Tirard (scénariste) s'en sortent plutôt bien pour offrir un thriller qui contient un semblant de stress et un peu d'action. Car pour peu que l'on rentre dans la peau du personnage d'Etienne, on peut totalement ressentir le stress ambiant. On ne peut pas retirer cela au film, qui même un scénario assez simple, arrive à tenir en haleine son spectateur. Pourtant on sait très bien l'issue du film, et certains évènements sont trop prévisibles pour surprendre, mais on s'imagine encore des rebondissements attendus. On note aussi l'affiche du film, qui se donne un faux genre de grosses productions à l'américaine (ou à la Besson si on veut absolument reste dans l'hexagone)

Derrière ses aspects là, Vigneron (étant proche de Laurent Tirard, il est scénariste sur Le Petit Nicolas et Molière entre autres) s'est entouré d'un casting d'acteurs confirmés. Ainsi, Benoît Magimel (Le Roi Danse, La Pianiste, L'ennemi intime) se retrouve dans la peau d'Etienne. S'il apparaît trop prétentieux au départ, il se ressaisit pour sauver sa prestation. François Xavier-Demaison (Coluche, Tellement Proches) est bien meilleur en comédie, mais s'en tire avec les honneurs dans ce thriller. On retrouve également Julie Gayet (un peu meilleure que dans Pièce Montée), la belle Léa Seydoux, un commissaire dans la peau de Stéphane De Groodt (son visage est bien connu, ses prestations le sont moins) ou encore Jean-Marie Winling (Une Affaire d'Etat) qui joue le PDG en place, et dont on aimerait voir plus de présence à l'écran.

Sans laisser de traces est assurément un film qui passe facilement chez le spectateur. Derrière un aspect trop convenu et prévisible, ce thriller reste dans son fond assez efficace pour tenir en haleine celui qui essaye de le vivre. On ne peut pas dire que le suspense offre une ambiance irrespirable, mais il peut convaincre assez aisément, sans trop forcer.

NOTE : 12 / 20