Cine-emotions

Apollo 18 : du buzz intrigant à la supercherie artistique

Le succès du faux-documentaire dans le cinéma de genre accouche d'un film qui s'attaque à l'espace et atterrit sur la Lune pour nous raconter la soi-disant véritable mission d'Apollo 18…



 

 

Apollo 18 était une mission spatiale américaine qui a alimenté avec force les hypothèses de complot politique en pleine Guerre Froide, suite à sa mystérieuse annulation le 2 septembre 1970 et une décision du congrès de limiter le budget alloué à la NASA pour l'année 1971. Le film de Gonzalo Lopez-Gallego (dont c'est le premier en langue anglaise) part donc sur ce postulat, une mission très secrète qui avait pour but de lancer une chasse à la vie extraterrestre, et dont seules les hautes sphères politiques et gouvernementales américaines étaient au courant. Au lieu de réalimenter cette thématique du complot qui plaît tant aux américains, Apollo 18 se vautre dans un faux-documentaire esthétiquement très moche, mal interprété, plat et prévisible. On sentait un potentiel, que ce soit lorsque la première bande-annonce a créé le buzz sur la toile, ou lorsqu'on découvre le film et quelques scènes intéressantes. On citera par exemple le côté claustrophobe qui s'installe dans la nacelle lunaire qui loge les deux cosmonautes victimes de ce « complot ». Sauf qu'au final, nous n'avons absolument pas envie d'y croire. Sur un faux suspense qui aurait pu nous paraître intéressant, on goûte à un enchaînement de défauts, récurrents à ce genre qui tend de plus à plus à plonger dans le n'importe quoi. Pourvu qu'on rentabilise l'investissement.



 

Pour un budget de 5 millions de dollars, Apollo 18 a déjà rentabilisé uniquement grâce à son exploitation américaine. Il rentre ainsi dans la case des films tout récents, qui utilisent les mêmes ingrédients techniques et qui appartiennent aux genres de l'horreur et surtout de l'épouvante. Ainsi, nous avions Le Projet Blair Witch, [REC] ou encore Paranormal Activity (son meilleur exemple), tous inspiré par le classique qu'est Cannibal Holocaust. Le principe : raconter son histoire grâce à la technique du faux-documentaire, qui donne une autre crédibilité au ton et offre aux spectateurs un semblant d'intimité. La caméra mouvante et instable peut donner un puissant mal de crâne comme il peut offrir une sensation différente face à l'écran, comme si le spectateur vivait l'action en direct. Apollo 18 aurait pu être un Projet Blair Witch intéressant, s'il avait été fait avant d'une part, et surtout s'il évitait de tomber dans le ridicule plombant aussi bien son propos que sa forme physique, d'une autre part. Physiquement, l'utilisation de la caméra à qualité moyenne permet de cacher certains défauts du décor, notamment cette Lune plastique[1]. On est encore loin de l'efficacité apparente de films comme Mission to Mars ou Planète Rouge.

 

Défini par son réalisateur comme un crossover (croisement volontaire entre deux genres ou univers de films) entre Alien et Paranormal Activity, Apollo 18 ne se détache pas dans son propos, ni dans son action. Le faux-complot ne fonctionne pas mieux qu'un documentaire sur la question, et son action reste dérisoire vu la qualité qui en ressort. Un nouveau buzz qui ne valait pas le coup d'attendre.



[1] Une scène ridicule où nos deux cosmonautes sont sur le véhicule lunaire en route pour la nacelle russe qu'ils ont découvert est un exemple fameux. Les deux avancent sur un faux décor digne d'un film d'amateur.



NOTE : 7 / 20 




08/10/2011
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