Cine-emotions

L'Assaut, un film d'action pour la mémoire ?

Julien Leclerc s'imprègne de la prise d'otage d'un Airbus du 24 au 26 décembre 1994 pour un film d'action réaliste et intense.



 

Samedi 24 décembre 1994.
Quatre terroristes du GIA prennent en otage à Alger l'Airbus A-300 d'Air France reliant la capitale algérienne à Paris et les 227 personnes présentes à bord. Personne ne connaît leurs intentions : ils sont armés et apparaissent extrêmement déterminés.

 

L'Assaut raconte l'histoire vraie du détournement d'un vol Alger-Paris, dont l'équipage est pris en otage le soir de noël 1994. L'avion décollera ensuite et se posera sur l'aéroport de Marseille-Marignane. Pour régler la situation, une équipe va être envoyée pour une opération musclée qui sera suivie en direct par 21 millions de téléspectateurs. L'évènement aura choqué le public, quelques réalisateurs vont tenter d'approcher le projet, sans pour autant aller jusqu'au bout. C'est le jeune et ambitieux Julien Leclerc (dont le premier film était Chrysalis) qui s'y colle, avec la volonté de renforcer le réalisme au maximum, au point de prendre des membres du GIGN comme véritable acteur (il n'y a , ou même de prendre une copie du même avion qui a servi à cette prise d'otage. Par ailleurs pour mieux s'imprégner de la tension de cette intervention, le film s'est librement permis d'adapter le récit de Roland Martin qui a lui-même participé à l'opération, tout en bénéficiant des lumières de Denis Favier (actuel commandant du GIGN). Julien Leclerc nous amène donc jusqu'à l'assaut final, dans une réalisation volontairement très sombre (proche du noir et blanc) pour déjà rendre compte de l'ambiance plombée qui règne, préface d'une volonté de faire un film viscéral qui prend le spectateur par les tripes. Pas étonnant que la référence du réalisateur en terme de film d'action réaliste soit le Vol 93 de Paul Greengrass.




 

Plus que la présence d'un casting intéressant porté par le nom de Vincent Elbaz, c'est le film dans son ensemble qui est à valoriser. En effet, les acteurs n'ont pas pour objectif de jouer dans l'émotionnel ou le propos politique sensationnel pour captiver. En effet, ce ne sont pas les personnages de la cellule de crise qui intéresse le spectateur, Carole Jeanton en tête. L'intérêt réside donc dans l'avion, d'où la reconnaissance critique à Aymen Saïdi, qui interprète le chef terroriste de cette prise d'otage. Derrière le film d'action auquel nous faisons face, L'Assaut ne s'avoue pas franchement convaincant sur son propos politique et la retranscription de la tension en coulisses. L'intérêt tourne autour des membres du GIGN qui interviennent, et l'émotion arrive d'elle-même dans un final et une gorgé nouée. L'Assaut pourrait faire de l'ombre aux films d'action à moitié blockbuster américain et qui offre adrénaline et action, mais son point de vue réaliste d'un fait bien réel qui manque d'avoir une place dans l'Histoire puisque c'est le premier film à s'y intéresser, touche et nuance des éventuels avis négatifs. A l'image d'une étroite scène de combat dans l'avion (avec des effets stroboscopiques), où la caméra n'est quasiment jamais stable, en opposition aux images d'archives qui offrent les mêmes plans et beaucoup de suggestions, l'Assaut tient en haleine et séduit. Le choix de se porter sur cette prise d'otage limite le champ d'action où l'explosif doit se cantonner dans une vingtaine de minutes, sans oublier tout le reste pour autant.

 

Haletant et viscéral lorsqu'il s'agit de se plonger dans la tension de la prise d'otage avec un réalisme impressionnant, L'Assaut perd de la vitesse lorsqu'il évoque les coulisses de cet acte historique presque oublié.


NOTE : 14 / 20




04/03/2011
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