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We want sex equality : les révolutionnaires en mascara

Un peu plus de quarante ans après les premiers progrès sur l'égalité des sexes au travail, We want sex equality raconte le combat d'un groupe de femmes pour un rêve qui ne devait plus être utopique.





Au printemps 68 en Angleterre, l'usine Ford de Dagenham (Grande-Bretagne) employait 55 000 personnes, dont 187 femmes. 183 d'entre elles sont couturières, chargées d'assembler des revêtements de siège de voitures. En insistant dès le départ sur une question de chiffres qui marque déjà un fossé entre les deux sexes, ce film de Nigel Cole a donné le ton de son propos. En filmant d'une façon fictive mais réaliste ce groupe de femmes, il lance un clin d'œil historique aux combats syndicaux et féministes pour tenter de mettre sur un pied d'égalité hommes et femmes, au moins au niveau des salaires. Une femme prénommée Rita qui, se battant pour elle et ses copines va tout simplement changer le monde comme voudrait bien nous l'indiquer le synopsis, mais surtout les pratiques syndicales de son entreprise et le fonctionnement de cette dernière tout court. Là-dessus pas de surprises, on connait le happy-end, bien qu'il soit encore discutable aujourd'hui. L'intérêt du film réside plutôt dans ce combat au travers de cette femme, Rita O'Grady, incarnée par une touchante et charmante Sally Hawkins (All or Nothing, Be Happy, Le rêve de Cassandre), bien que cette dernière soit pourtant purement … fictionnelle. En effet, cette insoupçonnée rebelle qui changera le statut de ces femmes n'a jamais existé, n'étant juste que le fruit de témoignages de grévistes à l'époque, qui ont permis de créer le personnage. Entre quelques sanglots douteux venant du cœur et quelques bons sentiments, Sally Hawkins reste crédible et réaliste à l'image du film. A l'origine de quelques soupçons de défauts, elle se rattrape dans chaque bons moments, que ce soit dans des discours ou dialogues réalistes, face au syndicat ou au mari, avec toujours les bons mots.




Comédie sociale comme seuls les Britanniques en ont le secret, We want sex equality rentre dans le cadre d'une longue expérience de ces thématiques au cinéma, avec quelques belles perles, de Full Monty à Une Éducation. Nigel Cole en est d'ailleurs un petit fer de lance, que ce soit à l'image de son premier film Saving Grace, où une femme pour rembourser les dettes de son défunt mari troque les orchidées contre la marijuana et le deal. Il signe son premier film féministe en 2003 avec Calendar Girls qui mettait déjà en scène un groupe de femmes qui fabriquent un calendrier très osé pour lutter contre la leucémie, et ce même groupe deviendra célèbre à travers le monde entier. Puis le réalisateur dérive vers le dramatique à l'américaine avec 7 ans de séduction (avec Ashton Kutcher notamment) et $5 A Day (avec Alessandro Nivola) sans grand succès public. Il revient donc avec une comédie sociale atypique et rafle trois prix à Dinard dont le Grand Prix. Sans pour autant être grandiose, il renoue avec ce qui peut se faire de mieux outre-Manche, avec une réalisation efficace, bien accompagnée par des petits ingrédients comme les costumes (à l'image d'un Swinging London qui vit encore la révolution pop) ou la bande son (venu tout droit d'un Good Morning England avec moins de piquant). De plus, ce film rend hommage à l'Histoire sociale du travail, que ce soit à Robert Owen, premier grand syndicaliste du nom, qui créa en 1834 le Grand National Consolidated Trades Union, ou bien aux femmes politiques. Déjà par la présence d'une femme dans un corps syndicale, mais surtout par celle de Barbara Castle, secrétaire à l'emploi et à la productivité lors de la grève, qui est la première femme politique à exercer un poste de premier plan. C'est elle qui lors de son mandat dans le gouvernement Wilson va obtenir l'Equal Pay Act en 1970. Cette dernière incarnée par une superbe mais hélas trop rare Miranda Richardson est aussi un sympathique pied-de-nez à une certaine Dame de Fer.


Pas forcément brillant, mais assez intelligent pour convaincre avec ses belles valeurs, We want sex equality a le mérite de parler avec franchise d'un sujet qui fait encore débattre, avec des belles vérités et un ensemble accrocheur malgré quelques mièvreries.


NOTE : 13.5 / 20





12/03/2011
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