Cine-emotions

D'un film à l'autre : Lelouch par lui-même, pour changer

Claude Lelouch réitère son hommage à lui-même et tout ceux qui l'ont entouré lors de sa carrière, à l'occasion de l'anniversaire des Films 13, et en fait un documentaire : D'un film à l'autre.




13 avril 1961 naissait donc une société de production emmené par un inconnu du cinéma, Claude Lelouch. Les Films 13 vont accompagner le réalisateur, avec ces courts et des longs écrits et réalisés pour l'essentiel par Lelouch lui-même. On nous offre ici un best-of chronologique, une sorte d'histoire de la carrière de Claude Lelouch à travers des extraits de films, des interviews, des making-of. Du Propre de l'homme à Ces Amours-là, Lelouch évoque et raconte son amour pour le cinéma à travers son histoire, ses films, ses coups de cœur et déceptions. Le film presque documentaire commence par une formidable traversée de Paris avec une caméra amarrée à la moto. Cette dernière traverse à vive allure la capitale encore endormie, distillant quelques dérapages, des feux et priorités grillés. Cette scène extraite d'un film de Lelouch résume en fait l'essence même de la carrière du réalisateur et de son esprit. Aller toujours plus loin, plus vite, toujours buté, au risque d'enfreindre des règlements du code cinématographique. Lelouch raconte son cinéma, la vision qu'il en a, et comme il le vit. L'exemple le plus frappant de la narration arrive lorsque le réalisateur remporte quatre oscars et une Palme d'or pour Un homme et une femme, film symbolique de son cinéma justement, et qui aurait pu lui ouvrir les portes d'Hollywood, lesquelles il a bien évidemment refusé pour continuer à faire ce qu'il aime comme il l'entend.


Un poil narcissique ou mégalomane pourrait-on dire, Claude Lelouch aime à parler de lui et de ce qu'il fait. C'était déjà le cas avec le très film drame biographique que représente Ces Amours-là, une fabuleuse fresque où finalement celui qui est derrière la caméra tient de nombreux rôles. Il aimerait être un réalisateur plus étriqué, mais ses thématiques de films n'encouragent pas à ce constat. Toujours un homme et une femme, une histoire d'amour, une intrigue si possible derrière. Mais en même temps, de nombreux plans célèbres pour des films qui resteront gravés dans l'histoire du cinéma français, quoique l'on puisse en dire. Ce qui est plus intéressant avec D'un film à l'autre, c'est Claude Lelouch raconte tout cela avec beaucoup d'auto-critique et de dérision, reconnaissant le bon nombre de mauvais film qu'il a fait, scindant son histoire et sa vie au cinéma entre les perles qu'il a signé et les heures sombres de sa carrière, entachée par les flops de certains films. Pourtant, on ne retient véritablement qu'une chose fondamentale, et symbolique aussi du personnage et de son histoire: après la projection du Propre de l'homme, dans Les Cahiers du Cinéma, on pouvait lire : « Claude Lelouch, retenez bien ce nom, vous n'en entendrez plus jamais parler ». On peut en sourire aujourd'hui, mais ce critique s'est violemment planté !




D'un film à l'autre marque donc le 43ème film du réalisateur français, qui a notamment signé Le Voyou, L'aventure c'est l'aventure, Itinéraire d'un enfant gâté ou encore Roman de gare, en assumant toujours ses choix, conscient des succès de certains films, non sans fierté, mais également responsable devant les bides critiques et publics d'autres films. Il est un hommage en même temps qu'un objet relativement utile pour le cinéphile et spectateur. Émouvant parfois, sarcastique ailleurs, D'un film à l'autre n'arrive pourtant à atteindre la réussite de son dernier film Ces Amours-là, qui au-delà du film qu'il est, était une réelle déclaration d'amour au cinéma en même temps d'un hommage brillant à sa filmographie et à son histoire. Qu'apprend t-on alors réellement de plus ?


NOTE : 13 / 20







17/02/2011
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