Cine-emotions

John Rabe : superproduction pour "le juste de Nankin"

Film franco-germano-chinois, John Rabe est un hommage de mémoire pour un homme méconnu de l'histoire et longtemps oublié. Florian Gallenberger dirige ce vibrant récit, d'une façon très hollywoodienne.




Nankin, 1937. John Rabe qui vit depuis plus de trente ans dans l'ancienne capitale chinoise dirige la filiale locale de Siemens et doit rentrer à Berlin. Lors de son bal d'adieu, la ville est bombardée par l'armée japonaise. Le lendemain matin, les étrangers encore en ville proposent de mettre en place une zone de sécurité à Nankin afin de protéger les civils chinois. John Rabe est nommé président de cette zone...


Après The City of Life and Death de Chuan Lu et son carton au box-office chinois, c'est autour d'une sorte de superproduction internationale d'évoquer le massacre de Nankin en 1937, mais d'un tout autre point de vue. Le premier est plus viscéral, un ton artistique plus prononcé, le second est en revanche plus historique dans son traitement, plus facilement abordable pour un spectateur qui ne connaît rien de cette histoire. Et ce ne serait pas un mal, car qui aujourd'hui peut nous parler de John Rabe. Personnage inconnu de l'histoire, sauf des spécialistes de la Seconde Guerre mondiale et du nazisme, il fut un héros pour le peuple chinois de Nankin, avant de sauver la vie de 200 000 personnes en tenant tête à la diplomatie japonaise désireuse d'anéantir la ville comme elle l'avait fait avec Shanghai. Encarté au parti nazi, responsable de l'usine Siemens à Nankin, il est la contre-image de nos idées reçues sur ces allemands nazis dans les faits, mais loin de l'être en réalité, et c'est ce que le film veut nous montrer d'une façon parfois un peu naïve. L'idéologie du Führer n'est pas le premier des problèmes de cet immigré que Berlin rappelle fin 1937, au moment où les Japonais préparent l'attaque de la ville. Ce John Rabe est interprété par un toujours excellent Ulrich Tukur habitué aux rôles de dirigeants nazis puisqu'on l'a vu dans Talking Sides, le cas Furtwängler (2002), Amen (2002) avant de le voir briller en chef du département culture de la Stasi dans La Vie des Autres (2006). Sensible et appliqué, il tient le film sur ses épaules, sans tomber dans le romantisme forcé de ces compères d'un soir, que ce soit Anne Consigny (une française qui interprète une américaine, c'est crédible), Steve Buscemi en docteur rebelle ou encore Daniel Brühl, récemment révélé dans Inglorious Basterds, cette fois-ci en soldat nazi héroïque. En somme, si John Rabe est un bel hommage qui ne lésine pas sur le volontairement touchant et quelques scènes difficiles, il reste l'impression d'un film un peu trop romancé aux allures de productions hollywoodiennes qui en oublient la psychologie des personnages et la sincérité de ces derniers. Cela se ressent dans les dialogues et dans quelques phases scénaristiques qui témoignent d'une liberté volontairement prise par rapport à l'histoire original.


NOTE : 11.5 / 20




27/04/2011
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