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Le Discours d'un Roi, une fresque royale !

Majestueux aussi bien dans sa forme que dans son histoire, Le Discours d'un Roi révèle encore la performance d'un grand Colin Firth.




Le film raconte l'histoire vraie et méconnue du père de l'actuelle Reine Élisabeth. Celui-ci va devenir, contraint et forcé, le Roi George VI, suite à l'abdication de son frère Édouard VII. D'apparence fragile, incapable de s'exprimer en public, considéré par certains comme inapte à la fonction, George VI affrontera son handicap grâce au soutien indéfectible de sa femme et surmontera ses peurs grâce à un thérapeute du langage aux méthodes peu conventionnelles. Sa voix retrouvée, il réussira à convaincre le peuple anglais de déclarer la guerre à Hitler.


Le Discours d'un Roi est un film sur une histoire d'amitié bien étonnante, avant d'être un film proprement historique ou politique. Au grand dam de certains critiques, déçu ne pas avoir vu un peu plus d'historique et de politique dans le film de Tom Hooper (qui avait réalisé Elizabeth I pour la télévision, et révélé au cinéma par The Damned United). Il raconte une histoire bien proche de nous, puisque celui qui prétend à la couronne, George VI, est bègue. Comme une personne quelconque, il est la victime d'un problème qui peut déranger. C'est ce qui a motivé le réalisateur en montrant qu'il était une personne comme les autres, et que son combat pouvait être celui de n'importe qui. Avec cet élément, il demande au scénariste David Seidler (qui transposera une version théâtrale au printemps) de faire tourner l'histoire autour des consultations du futur roi et de sa relation avec ce docteur (qui n'est pas reconnu pour autant) interprété par un excellent Geoffrey Rush (Oscar du meilleur acteur dans Shine, Golden Globe du meilleur acteur pour Moi, Peter Sellers), retrouvant d'ailleurs Colin Firth après leur rencontre dans Shakespeare in Love. Geoffrey Rush pourrait bien connaître une nouvelle consécration d'acteur à un Oscar du meilleur second rôle tant sa prestation en vaut la récompense.




On pourrait reprocher un manque d'agressivité au film, tant ce dernier se cantonne à l'histoire des deux hommes et aux bégaiements de George VI. Une mauvaise tendance qui pourrait lasser les plus sceptiques, souvent sévères avec les films que pourraient adorer le grand public ou la critique. En effet, le plan historique et politique passe derrière, en guise de fond d'écran. Pourtant bien compréhensible puisque le but du film n'est pas de raconter l'histoire du moment, seulement de l'évoquer suffisamment pour que le spectateur ait le minimum de contexte, et comprendre ainsi toute la portée du film. Inutile d'aller s'imaginer un film qui descend la famille royale en dénonçant des éventuels liens entre Edward VIII et le parti nazi. Le clin d'œil du film est suffisant à lui-même. En revanche, il est plus jubilatoire lorsqu'il annonce la chute du roi parce qu'il veut se marier à une femme divorcée, ce qui nous amène à la situation très actuelle de Camilla Parker Bowles, marié au Prince de Galles depuis mai 2005 et dont l'arrière grand-mère fut la maîtresse du futur Edward VII. Tout un symbole, toute une critique ici pour certain, qui souligne que des britanniques peuvent poser un regard crédible sur l'histoire de la famille royale.




Colin Firth est un point central du film, puisque toute la puissance émotionnelle (ou presque) repose sur ses épaules. Il signe une fois de plus un grand rôle, à la hauteur du personnage, et du talent de l'acteur. Celui qui fut révélé par la caméra de Milos Forman dans Valmont, a connu le succès avec Le Patient Anglais et Shakespeare in Love, deux films fortement appréciés par le public. Mais c'est le grand public qui fait exploser son statut, notamment dans les comédies romantiques que ce soit chez Bridget Jones, Love Actually ou Un mari de trop. Il signe deux rôles tout en puissance, dans la lignée de ce dernier qui consacre l'acteur, nous parlons bien sûr de La Jeune fille à la perle avec Scarlett Johansson et A Single Man de Tom Ford. Colin Firth ici incarne un personnage sensible et prenant du début à la fin, lui donne une dimension presque inespérée. Là où certain aurait pu plonger dans l'ennui, il suscite l'amour du public, sans tomber dans la compassion facile. Cette compassion n'est pas celle de la pitié de base, c'est celle de l'admiration. Il doit aussi sa performance à celle de Geoffrey Rush (qui a eu la chance de se poser son regard sur le journal intime du docteur), et de sa compagne dans le film, Helena Bonham Carter qui même si elle paraît plus effacé derrière le duo, tient son rôle avec perfection et efficacité. L'autre force du film reste probablement la musique, composition signée d'Alexandre Desplat (Harry Potter 7, The Queen, The Ghost Writer), toute en puissant là aussi, à l'image de la dernière scène, sublime, qui va probablement figurer dans les scènes de l'année 2011 tant elle consacre le film, englobant toutes les qualités de ce dernier en l'espace de quelques minutes. Cette scène, celle du discours bien connu, gagne en force grâce à la musique (la septième symphonie de Beethoven), une réalisation esthétique qui tourne autour des deux personnages, une tonalité brillante et émouvante dans la voix de Colin Firth, un discours à la portée internationale, resté dans les annales.


NOTE : 16.5 / 20






17/01/2011
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