Cine-emotions

Contre toi : un syndrome de Stockolm peu accrocheur.

Après avoir eu le privilège du lynchage suite à Gigola pour Lou, Lola Doillon remet le couvert avec un peu plus de conviction pour Contre toi.





Des sentiments naissent entre un jeune kidnappeur et sa victime, une femme chirurgien. Celui-ci veut se venger d'un accident médical qui l'empêche de vivre sereinement et décide d'enlever cette femme qu'il tient pour responsable. Lorsque cette dernière parviendra à s'échapper, elle n'aura de cesse de retrouver son geôlier, autant par amour que par vengeance.



Pour un peu que le spectateur n'ait pu lire le synopsis avant d'entrer dans la salle, ce qui n'arrive pas lorsqu'il s'agit de débourser 9€ pour voir un film, on peut être quelque peu dérouté par l'ambiance du film et la mise en scène dès le départ. Si en revanche on a commencé à s'imprégner de la thématique et qu'on arrive dans la salle avec une idée un peu reçue sur la thématique qui va débarquer à nos yeux, on risque de s'ennuyer ferme. Cette femme chirurgien, incarnée par Kristin Scott Thomas comme s'il y avait la volonté de rassurer le spectateur au point de vue rentabilité, puisque l'actrice se rate rarement dans ses choix français depuis Il y a longtemps que je t'aime en 2008, se veut donc être dans l'émotion. Le but est de faire ressentir au spectateur la force et la gène d'un syndrome de Stockholm, qui l'empathie que peut développer une victime pour son ravisseur. C'était le but d'ailleurs de Lola Doillon, c'est à dire de mettre en avant « l'idée que l'on puisse finalement éprouver un sentiment (...) pour son agresseur ». Ce moment précis dont parle la réalisatrice peut sembler effectivement convaincant, surtout si on prend à témoin le reste du film qui se noie dans la lourdeur et la nervosité ambiante. Ce n'est pas une réalisation rêvée, surtout si on s'entendait à un film noir, oppressif et très lourd psychologiquement. Avec Contre toi, on flirte avec ces thématiques là sans jamais vraiment rentrer dedans.




Le choix des acteurs est en revanche une sorte de satisfaction en soi. Si Kristin Scott Thomas tient son personnage correctement, sans pour autant livrer une prestation de haute volée, c'est Pio Marmaï en grande révélation de la nouvelle vague des acteurs du cinéma français, qui étonne par moment. Effectivement, sa prestation n'est jamais régulière à l'image du film, mais il reflète à merveille la thématique du film (le syndrome de Stockholm) et l'émotion qui doit en ressortir. Le spectateur s'accroche finalement à lui plutôt qu'au personnage féminin ici victime du bourreau. Le jeune acteur arrive également quelques beaux moments, réussissant à donner au film ses seules réussites à l'écran. Plus que Kristin Scott Thomas, c'est donc bien lui qui tient le film dans son ensemble, avec un rôle intriguant, qui aurait peut-être lui aussi dû être accentué dans sa profondeur psychologique. Les prestations n'arrivent malheureusement pas à relever un scénario trop lisse et plat, sans tension ni suspense comme on voudrait bien l'entendre. Finalement cette thématique que l'on espérait aussi frappante que sur le papier, ne l'est pas vraiment à l'écran.


NOTE : 10 / 20




02/02/2011
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