Cine-emotions

Alice au Pays des Merveilles: Tim Burton n'était pas en retard.

Lorsque l'œuvre d'un auteur populaire croise la créativité d'un cinéaste incontournable, cela donne un mélange féerique fort appréciable.

 

Chez Tim Burton, Alice a 19 ans, devenue grande désormais, elle fuit son destin sur Terre pour se retrouver dans un monde qu'elle a quitté 13 ans auparavant. Alors qu'elle doit épouser un jeune homme dégénéré, mais qui a la grande qualité d'être un lord, alors qu'elle ne sent désespérément pas bien dans son monde, elle décide de suivre ce lapin blanc pour finalement tomber dans ce fameux terrier qui la plonge dans le monde dont elle rêvait (l'unique rêve qu'elle faisait). A l'intérieur de ce pays, elle doit faire face à de nouveaux dangers et éliminer la Reine Rouge.

Lewis Carroll et Tim Burton ont un point commun qui semble indéniable : outre l'esprit créateur, ils sont complètement fous. Il est alors évident que lorsque l'esprit de Carroll se superpose à celui du cinéaste américain qui signe là par ailleurs son 14ème film, il y a de fortes chances pour que cela fasse des étincelles. Cette version étonnante d'Alice au Pays des Merveilles est en réalité un patchwork des deux œuvres principales de Lewis Carroll (Alice au Pays des Merveilles et De l'autre côté du miroir). C'est principalement dans le premier que l'on retrouve les éléments qui font ce conte fantastique destiné aux enfants. Notre jeunesse revient alors lorsque les personnages si symboliques font tour à tour leurs apparitions, de Chess au Chapelier Fou, en passant par les deux reines.

 

Pour réadapter ce conte merveilleux, l'objectif de Tim Burton était à la fois de montrer toute l'intelligence de l'œuvre (là où les psychanalystes font d'Alice un puits de science) et de faire un film grand public (par la 3D et la synthèse). Tim Burton avoue un film difficile à faire, qui ne le tentait pas au départ. Mais il s'est attelé à ressentir ce scénario écrit par un autre, tout en se l'appropriant. Le final est d'une réussite saisissante : sa vision d'Alice au Pays des Merveilles est un enchantement constant, interprétée par des acteurs brillants, aidée par des images de synthèse qui ne laisse pas indifférent. On s'est toujours dit que le monde de Tim Burton devait être mis en 3D pour faciliter l'immersion. Il est clair que pour Alice, c'est une évidence, que ce soit de se sentir dans le même pays qu'Alice, de s'étonner de l'arrivée du chat Chess (symbole de la réussite 3D) ou encore sa chute dans le terrier. Et quand on regarde les images qui défilent, on ne s'étonne pas de voir Tim Burton en directeur, tant ses mondes sont finalement si proches.

Et dans ce fabuleux travail, Burton n'oublie pas de s'attacher au personnage d'Alice. Cette fois-ci, Alice ne pleure plus, mais elle ressent les même problèmes que celle du conte, avec un brin de maturité en plus. Alice ne sait pas qui elle est, elle ne sait pas où elle est à vrai dire. Le pays dans lequel elle débarque doit l'aider à trouver son chemin. Clin d'œil au spectateur, dès son arrivée dans ce pays imaginaire, elle est accusée d'être « la fausse Alice ». Puis il y a les personnages de chef d'œuvre populaire, parfaitement illustrés ici : Le Chapelier Fou (Johnny Deep, l'égérie de Burton) est le symbole de la vie, d'une folie calculée ; La Reine Rouge (Helena Bonham Carter) est l'allégorie de l'autoritarisme (le fameux « Qu'on lui coupe la tête ») sans limite, alors que sa sœur la Reine Blanche (Anne Hathaway) est elle une sorte de hippie gracieuse qui déteste la violence et la mort ; la fameuse chenille (avec la voix d'Alan Rickman) représente la voix de la sagesse, alors que Chess le chat invisible représente la malice et la réflexion en même temps.

 

Mais il faut bien aussi trouver des points faibles à ce film de Tim Burton. Tout d'abord, à la sortie c'est incontestable, Alice au Pays des Merveilles n'est pas le meilleur film réalisé par Burton. Alice n'est pas l'aspect émotionnel ni esthétique d'un Edward aux mains d'argent ou de Charlie et la Chocolaterie. Et pourtant on peut trouver à ces personnages des points communs de près ou de loin avec ceux de ces films. Mais il n'y a pas le même charme. Tout simplement parce que ce ne sont pas forcément les personnages propres à Burton. Ensuite la 3D ne peut pas empêcher de penser à l'aspect commercial du film, même si Burton se défend de « faire comme Avatar » et préfère voir dans la 3D l'occasion d'exploiter le côté « trippant » du monde d'Alice.

Rien n'est laissé au hasard pour ce film de Tim Burton qui retrouve là une possibilité de retranscrire à la fois son monde et celui de Lewis Carroll. Alice au Pays des Merveilles est un film où l'enchantement est constamment présent, la réflexion est pertinente, et l'intérêt du relief y est tout aussi présent.

 

NOTE : 14.5 / 20

 


Alice au Pays des Merveilles - Bande-Annonce #2 HD [VF]
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24/03/2010
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