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Bon à Tirer (B.A.T) : une comédie bas de gamme

Depuis 2007 et Les femmes de ses rêves, les frères Farrelly sont restés muets, avant de revenir cette année avec une nouvelle comédie qui se veut délirant et au propos original. 





Un couple veut mettre un peu de piment dans sa relation. Pour cela, chacun accorde à l'autre un « bon à tirer », qui lui permet d'avoir une relation avec une tierce personne. Qu'arrivera-t-il quand le meilleur ami du mari recevra également un pass ?


La franchise directe ne peut faire de mal à personne, surtout aux spectateurs : Bon à Tirer n'est pas la comédie US tant attendue, et encore moins celle qui surpasserait Mary à tout prix (1998) qui faisait exploser au grand public les talents de ces deux réalisateurs qui ont fini par marqué leur génération, avant l'arrivée d'un Judd Apatow (40 ans toujours puceau, Funny People). Sur un point de départ qui semblait racoleur tant il peut facilement convaincre le spectateur de venir voir de quoi il s'agit, Bon à Tirer  fini dans l'ensemble par se résumer à une morale des plus déplorables, sans réel recul ni originalité. Ce n'est pourtant pas ce qui manque aux deux frères, roi de la connerie comme on l'aime, qui derrière un humour parfois cinglant, laissent d'intéressantes pistes de réflexion. Avec ce dernier film, on aimerait à penser que c'est le cas. C'est ce que laisse espérer une première bonne partie (la première demi-heure) avant que les « Hall Pass » ne soient délivrer aux deux hommes. Pendant cette mise en place, nous avons les meilleurs moments comiques, en plus d'une réelle réflexion sur la place de l'homme dans la famille, et comme il essaye d'outrepasser la crise existentielle et sentimentale qu'il traverse. On sent plus de sincérité et un ton délibérément plus convaincant. En revanche, passé cette introduction longue mais intéressante, en pensant que le plus délirant restait à venir, le film s'affale sur des clichés et un humour plus que douteux, doublé d'un propos lamentable, pour finir sur une morale pathétique dont on se serait bien passé. En 1h45, on passe des bonnes idées avec quelques vérités bien assénées à un recyclage de bons sentiments et une morale plus que convenue qui ne surprendra personne.




Reste à tout miser sur les gags une fois que nos deux amis se sont vu délivrer le fameux bon à tirer, qui consiste à laisser à son homme une semaine de célibataire où tout serait permis, en sachant pertinemment qu'on va le récupérer derrière, conscient de sa monstrueuse bêtise. La stupidité scénaristique ne s'arrête pas là, mais pour éviter tout spoiler, on en restera à ce triste constat, Bon à tirer n'est bon à rien, même à faire rire. Car c'est bien là le problème : sur la première partie, nous avons un humour plutôt bien délivré, franchement plus recherché (à l'image de cette scène où les deux amis se lâchent sur le propriétaire du manoir où ils sont invités pensant être seuls, alors que les caméras permettent aux restes des convives et au couple d'entendre et voir leurs remarques). On plonge ensuite très rapidement dans quelque chose de déjà-vu, où par exemple lorsqu'il est nécessaire d'avoir un petit trip sous acides façon Very Bad Trip (l'autre phénomène de la comédie masculine qui a fait des ravages aux États-Unis) pour pimenter le film. Ou encore lorsqu'il semble nécessaire de passer la seconde avec un humour très troisième degrés, très proche de la blague raciste et vulgaire. A croire que si la coquille intellectuelle était déjà bien vide, celle de l'humour n'est visiblement pas si remplie qu'elle n'en a l'air. Sans blâmer la totalité du film et les quelques bons gags qui prêtent à sourire, Bon à Tirer est de très loin l'un des plus mauvais films des frères Farrelly. Peut-être ont-ils voulu faire un mixage entre leur humour et celui qui est en vogue actuellement, mais soit cela n'est pas assez trash, soit il est trop terre-à-terre. Côté acteurs, le constat est sensiblement le même. Jason Sudeikis (Jackpot, Chasseur de primes) prend largement le dessus sur un Owen Wilson (récemment vu dans Comment savoir et Mon beau-père et nous) toujours difficile à apprécier en comédie tant il a du mal à nous faire vraiment rire. Chez les filles, c'est un problème sensiblement similaire, mais moins visible puisque comme la comédie actuelle est un poil maschiste. Ainsi, Christina Applegate (qui brille dans la série Mariés deux enfants) perd de son charme, semble en faire des tonnes en voulant être trop sûre de sa valeur, ce qui n'est pas le cas de Jenna Fisher (Solitary Man, Les rois du patin) qui agit avec charme et assez de justesse.



NOTE  : 9.5 / 20



29/04/2011
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