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Limitless : la pillule du succès sans limite ou presque

Enième adaptation d'un roman au cinéma, c'est au tour du Champs de ténèbres d'Alan Glynn d'y couper. Le réalisateur Neil Burger s'y colle pour un Limitless presque amusant et justement interprété.




Eddie Morra rêve d'écrire, mais l'angoisse de la page blanche le paralyse. Sa vie sans éclat bascule lorsqu'un ami lui fait découvrir le NZT, un produit pharmaceutique révolutionnaire qui lui permet d'exploiter son potentiel au maximum. Eddie peut désormais se souvenir de tout ce qu'il a lu, vu ou entendu ; il peut apprendre n'importe quelle langue en une journée, résoudre des équations complexes et subjuguer tous ceux qu'il rencontre – tant qu'il reste sous l'influence de cette substance qui n'a pas encore été testée.
Très vite, Eddie fait aussi merveille à Wall Street, où ses prouesses attirent l'attention de Carl Van Loon, un puissant magnat de la finance, qui lui propose de négocier la plus grosse fusion de l'histoire. Eddie ignore encore que des gens sont désormais prêts à tout pour mettre la main sur son stock de NZT. Alors qu'il découvre le danger, il doit aussi affronter les terribles effets secondaires du produit. Pour survivre à ceux qui le pourchassent de toutes parts, Eddie puise de plus en plus dans ses réserves. En aura-t-il suffisamment pour se montrer plus intelligent que tous ses ennemis ?



Limitless se définit comme un thriller actif qui propose un speech original, fantasme de n'importe quel humain sur le marché du travail. La question qui ressort est la suivante : et s'il existait un produit qui vous permette d'utiliser l'intégralité de vos neurones pour en exploiter le meilleur, et faire travailler votre cerveau à 100% ? C'est ce qui arrive à Eddie Morra, un pseudo-écrivain qui s'embourbe dans un but inespéré et litanique : écrire son roman. Après la prise de cette drogue qui va forcément se transformer en addiction, Eddie est complétement transformé, ses facultés intellectuelles multipliées par 5. Sa mémoire va lui rappeler tout ce qu'il a vu, entendu, de près ou de loin, il va devenir incroyablement facile en mathématiques, apprendre les langues en quelques heures. Pour renforcer encore cet aspect presque surhumain, Neil Burger rajoute un peu plus de couleurs et de vivacité dans sa réalisation, offrant l'esprit visuel voulu par l'histoire. Limitless s'intéresse donc à un sujet qui parle au public, au moment où la question des doses de travail trop importantes et du surbooking se posent avec beaucoup d'insistance. La drogue NZT n'est d'ailleurs pas si inexistante que cela : l'Adderall ou le Provigil sont utilisés aussi par certains, drogues médicamenteuses qui passent pour un psychostimulant afin d'aiguiser les facultés intellectuelles, ou encore ceux qui avalent les pilules de vitamines pour bénéficier d'un cerveau éclairé toute la journée, sans baisse de régime. A moindre mesure, ces médicaments sont largement moins puissants que ce fameux NZT aussi appelé  « The Clear Pill ». Alors forcément comme nous l'indique le film, le cerveau, puis le corps ne supportent pas facilement ce médicament (drogue) qui pousse donc à l'addiction pour ne pas ressentir les effets secondaires. Jusqu'où peut-on aller pour être efficace au boulot ?




Au-delà de la thématique du potentiel de l'être humain et du monde du travail, le personnage de Bradley Cooper fait aussi l'expérience du pouvoir et du succès comme de la déchéance lorsqu'il est au bord du gouffre. L'acteur doit donc incarner son personnage avec charisme, aussi bien dans le mauvais côté que dans le bon, et ne jamais surfaire son rôle. Bradley Cooper montre alors un tout autre visage que celui que le grand public connaît depuis Very Bad Trip. Il est touchant, amusant et toujours aussi séduisant. Il prouve surtout qu'il est un acteur qui monte et assure dans chacun de ses rôles, pourtant bien différents, que ce soit dans l'action délirante de L'agence tous risques, l'humour bien placé dans Serial Noceurs, sans oublier le romantisme exacerbée dans Valentine's Day. Polyvalent, il s'exprime ici dans un thriller qui joue sur les différentes possibilités émotionnelles de son personnage. Le beau Bradley n'évolue pas seul, entre le charme d'un grand espoir féminin, Abbie Cornish (Bright Star, Sucker Punch) et l'expérimenté Robert de Niro, présent partout en ce moment. Le trio s'appuie aussi sur un scénario plutôt taillé, écrit par Leslie Dixon, scénariste de Madame Doubtfire, Freaky Friday, Hairspray ou encore Les femmes de ses rêves. Plutôt rôdé, il prend le pas sur une mise en scène qui use et abuse d'effets de couleurs et de rapidité, filmer à vitesse grand V les rues de New-York façon Google Earth, avec des focales différentes lorsqu'Eddie est normal ou sous influence du NZT. Ce côté visuel non numérique finit par être doublé par l'efficacité du scénario qui intéresse plus le spectateur qui se demande sur quelles genres de pirouettes le film jouera.


Rythmé et intéressant dans son propos, Limitless gagnerait à être un thriller proprement efficace avec un peu plus de profondeur psychologique et un côté moins mainstream.


NOTE : 13.5 / 20





06/06/2011
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