Cine-emotions

Rabbit Hole : le vide d'une perte

Adapté d'un Prix Pulitzer, Rabbit Hole réuni à l'écran la très belle Nicole Kidman et le talentueux Aaron Eckart pour un drame familial larmoyant.





Huit mois après la disparition de leur fils, Becca et Howie redonnent peu à peu un sens à leur vie. Howie tente de nouvelles expériences tandis que Becca préfère couper les ponts avec une famille trop envahissante. Contre toute attente, elle se rapproche du jeune homme responsable de la mort de leur enfant. Cette relation étrange va permettre à Becca d'être enfin en paix avec elle-même.





Rabbit Hole est un drame adapté de la pièce éponyme de David Lindsay-Abaire qui a remporté le Prix Pulitzer et un Tony Award. L'auteur en est par ailleurs devenu le scénariste pour coller au plus près à l'esprit de la pièce. John Cameron Mitchell se colle à la réalisation d'un film plus conformiste alors qu'on lui doit le méconnu Hedwig and the Angry Inch ainsi que le sulfureux Shortbus par exemple. Rabbit Hole rentre en effet dans un cadre dramatique déjà bien connu, mais souhaite sans détacher par un scénario plus complexe, où les ficelles se découvrent petit à petit. Mal agencé au final, avec notamment une première demi-heure d'un ennui à mourir, ce film d'une durée assez classique (1h30) s'en sort grâce à quelques scènes fortes en émotion, où le couple fait ressortir ses divers problèmes sans mâcher la réalité, alors que les deux protagonistes restent murés dans un passé dont ils n'arrivent à se défaire. Si Nicole Kidman semble assez efficace dans un rôle et dans un genre qu'elle connaît (Portrait de femme, Nine, Australia) sans trop en faire, on sent un Aaron Eckhart (La compagnie des hommes, Erin Brockovich seul contre tous, Thank you for smoking) plus réservé, troublant et qui explose lorsqu'il le faut, et c'est peut-être bien lui qui pourrait tirer son épingle du jeu face à l'avis du public. Pour autant le couple est loin d'être remarquable, n'amenant pas l'adhésion du spectateur, ni pour ses problèmes, ni pour la réalité émotionnelle du film.





Volontairement trop pathos, Rabbit Hole fait surtout penser à du mauvais Sam Mendes (Les Noces Rebelles) dans cette volonté de peindre le couple dans un quotidien enfermé, en proie à une propre réalité universelle qui les dépasse et un faux film indépendant façon Welcome to the Rileys (de Jake Scott) sur l'évocation de la perte d'un être cher ou comment surmonter la douleur. Le film manque dans son ensemble de profondeur psychologique à cause d'un scénario volontairement trop distant. A croire qu'en faisant peut-être plus sobre et classique, Rabbit Hole aurait gagner à être un drame certes basique, mais au moins plus efficace et plus proche du spectateur. Et dire que Nicole Kidman aurait renoncé à son rôle dans le film de Woody Allen, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, au lieu de Naomi Watts...



NOTE : 9 / 20




29/03/2011
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