Cine-emotions

Les Yeux de sa mère : secrets de famille

Loin d'être haletant à son démarrage, Les Yeux de sa mère finit par passionner avec une histoire qui rapproche ses personnages entre violence et émotion de la réalité.





Un écrivain en mal d'inspiration infiltre la vie d'une journaliste star de la télé et de sa fille danseuse étoile pour écrire à leur insu une biographie non autorisée. Pendant ce temps, en Bretagne, un garçon de 20 ans, Bruno, qui habite avec ses parents, ne sait pas encore les conséquences que toute cette histoire va avoir sur son existence...



Avec un démarrage déroutant si le spectateur débarque en touriste dans la salle pour voir ce film, Les Yeux de sa mère n'avance pas un premier argument convaincant. Il faut au moins trente bonnes minutes pour lancer le processus, présenter les différents personnages de ce film presque choral, sans que le spectateur n'arrive à faire les liens entre chacun. Puis peu à peu, le fil se dénude, et ce nouveau film de Serge Klifa commence à devenir passionnant. Sans trop en dire, on découvre des liens assez inattendus, le tout étant annoncé d'une façon assez abrupt, où l'on peut dire que le prévisible n'a pas sa place. Entre la vérité des faits et un scénario plutôt bien huilé bien qu'un poil complexe si l'on tarde à prendre le train en route, Les Yeux de sa mère arrive finalement à bon port, en livrant un beau drame, où sentiments et liens familiaux se lient d'une façon toujours étonnante. Réalisation intelligente jouant sur les opposés, comme par exemple cette présentatrice vedette (Catherine Deneuve) quittant le JT après quinze de bons et loyaux services (un arrière-goût de PPDA) dans un processus qui la fait plonger doucement dans la pénombre, pour tout de suite enchaîner sur cette danseuse étoile (Géraldine Pailhas), adulée et talentueuse, qui elle passe de l'ombre à la lumière de la scène, belle et radieuse. Scénario tout aussi savoureux, notamment lorsqu'il évoque toutes les mères que l'on peut trouver, de celle qui abandonne à celle qui aime plus que tout, et chaque personnages à un rapport profond avec la thématique de la mère. Enfin la musique (signée de l'argentin Gustavo Santaolalla, à qui l'on doit Babel), belle et plutôt bien en adéquation avec l'ambiance du film, absolument délicieuse lorsque les paroles d'un Serge Reggiani bouleverse le propos du film pour en tirer toute son essence.




Serge Klifa n'est pas un amateur dans le milieu de la réalisation. Il avait déjà frappé fort avec Une vie à t'attendre en 2004 où Géraldine Pailhas touchait déjà à travers une histoire sentimentale sous forme de chassé-croisé. En 2006, il persiste dans le forme du grand film de famille, choral et amoureux en même temps, avec le Héros de famille, où Catherine Deneuve fait partie de ce gros casting. Enfin, il revient en 2010 avec cette fois-ci un petit aparté dans une jeunesse nostalgique, avec un certain Christopher Thompson pour signer Bus Palladium pour qui il écrit le scénario. Il revient donc derrière la caméra et écrit aux côtés de son ami, Les Yeux de sa mère. A l'image de sa filmographie, Kilfa témoigne d'une certain amour envers ses acteurs, déjà parce que l'on retrouve des têtes déjà bien croisées auparavant, puis ensuite parce qu'il ose confronter deux acteurs, l'un s'est montré en tête de fil d'une nouvelle génération pour le cinéma français, en la personne d'un Nicolas Duvauchelle, ici journaliste très mystérieux dont on ne sait toujours pas grand chose au final. Il se confronte à une nouvelle tête Jean-Baptiste Lafarge, encore un peu titubant mais suffisamment convaincant pour nous laisser porter dans cet Almodovar à la française que nous offre Klifa.


Gros casting et personnages à foison, Les Yeux de sa mère s'avère être un mélo brouillon au départ, mais qui trouve du sens grâce des qualités techniques indéniables et des interprétations convaincantes.


NOTE : 13.5 / 20






25/03/2011
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