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Hors-la-loi : un buzz pour pas grand chose ?

Hors-la-loi avait déjà fait couler de l'encre lors de sa projection cannoise. L'encre coule cette fois-ci dans les salles obscures de France et de Navarre.


Chassés de leur terre algérienne, trois frères et leur mère sont séparés. Messaoud s'engage en Indochine. A Paris, Abdelkader fraîchement sorti de prison, prend la tête du mouvement pour l'Indépendance de l'Algérie et Saïd fait fortune dans les cabarets et les clubs de boxe de Pigalle. Leur destin, scellé autour de l'amour d'une mère, se mêlera inexorablement à celui d'une nation en lutte pour sa liberté...

Il était temps que Hors-la-loi sorte. Car l'amateur de cinéma qui l'est aussi pour l'histoire avait envie de connaître enfin le film qui fait tant parler de lui. Buzz à Cannes à la veille de sa projection, Hors-la-loi repart bredouille du festival, à l'inverse d'Indigènes qui en 2006 revenait avec un Prix d'interprétation masculine. Inutile de remettre le même prix aux mêmes acteurs, malgré leurs bonnes prestations devant la caméra de Rachid Bouchareb pour Hors-la-loi. Ce dernier film du cinéaste franco-algérien est tout l'inverse de son prédécesseur, Indigènes. Au lieu d'amener le public dans l'union et la volonté de reconnaître la participation de ces soldats héroïques qui ont participé à la libération de la France, Hors-la-loi divise. Il divise autant que le sujet de la colonisation continue de diviser. Caroline Fourest parle d'ailleurs avec pertinence d'un divorce qui n'est toujours pas consumé. Après le visionnage du film de Rachid Bouchareb et sur l'incompréhension du propos, on ne que confirmer cette idée.


Sur un plan artistique, Hors-la-loi est loin d'être un mauvais film bien son aspect "divertissement" ressorte trop. Il est parfaitement réalisé, témoignant à la fois de la précarité de ces immigrés, accentuant le propos par un côté sombre bien adapté. Les acteurs (Roschdy Zem, Jamel Debbouze et Sami Bouajila) se retrouvent une nouvelle devant la caméra et chacun exprime son point de vue de personnage, pour finir finalement sur un appel du cœur. Si le film se dote d'une longueur parfois gênante (2h15 environ), c'est pour tenter de mieux exposer le problème. L'image que je retiendrais de ce film, qui est probablement celle que veut véritablement montrer le réalisateur se regarde comme suit et sans spoiler (puisque tout le monde connaît l'Histoire après tout). Au début du film, il montre des images d'archives et accentue la couleur sur le drapeau français en pleine libération, en témoigne la liesse de la foule. A la fin du film, cette même scène dans le contexte de l'Indépendance de l'Algérie en juillet 1962, avec les drapeaux algériens. Le message un peu subliminal : « nous sommes comme vous : des hommes libres ».

C'est à l'intérieur que le propos du réalisateur reste incompris, de la glorification massive du FLN au combat pacifique des indépendantistes comme à Genève. Neutre, Bouchareb ne l'est pas ou ne peut pas l'être. « Toute la matière qui existe dans Hors-la-loi fait d'abord partie de l'Histoire avec un grand H » dit-il, avant de rajouter : « C'est en partie mon histoire, celle de mes parents, de leurs amis que je raconte ici. A travers eux, j'ai vécu la guerre, le bidonville. Mes parents étaient en plein dedans. (...) J'ai tous mes souvenirs ». La subjectivité d'un cinéaste face à la réalité historique, où peut bien se situer le juste milieu ?

Une grosse fausse polémique pour pas grand-chose : Hors-la-loi relève plus d'un divertissement polarisé plutôt qu'un véritable film profond sur l'Histoire. Malgré cela, ce film de Rachid Bouchareb passe assez facilement aux yeux du spectateur.


NOTE : 11 / 20



24/09/2010
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