Cine-emotions

Dessinateur de BD à l'origine, Riad Sattouf se lance dans son premier long-métrage, Les Beaux Gosses, sélection de la Quinzaine des Réalisateurs et très bien accueillis à Cannes.

Les Beaux Gosses c'est ce titre si paradoxal quand on voit le film. Hervé est un jeune collégien qui est entré dans l'âge du pur adolescent, à la recherche de l'amour, de l'indépendance, mais qui reste complètement coincé, et franchement loin d'être malin. Son meilleur ami Kamel est un fan de heavy métal et lui aussi est attiré par les filles. Sortir avec une fille, voilà ce qui intéresse Hervé et son meilleur ami. Ado moyen, obsédé par le sexe, pas très intelligent, à la limite vulgaire et immature, on se demande presque pour qui sont ces ados ?

Beaucoup de critiques ont trouvés le film hilarant, 1h30 de fous rires et des répliques qui tuent. Les répliques sont en effet très cinglantes, entre « les yeux bleus comme du canard W.C » ou le « Ouais je t'aime tu veux sortir avec moi » (alors que les deux ne se connaissent pas du tout). Mais c'est caricatural, mais sensé être représentatif des ados d'aujourd'hui entre 11 et 15 ans (on va dire âge du collège). De là à dire que c'est hilarant, ça en serait presque un peu fort : c'est frais, ça semble vrai, il y a une scène véritable hilarante c'est celle entre Hervé et sa mère dans la salle de bain, où Hervé pique sa crise de nerf si typique des ados.

Le film aborde des sujets intéressants : les relations entre parents et enfants sont un peu mis de côté pour plutôt observer l'ado dans son monde et comment il agit avec. Mais ici, l'ado est beauf, et pas vraiment réfléchis. Hervé et Kamel ne sont attirés que par le sexe et les filles, et enchaînent les râteaux avant de commencer à prendre conscience des véritables sentiments (et encore, ça ne transparaît pas trop à l'écran). On évoque la classe, les relations amicales ou pas entre les ados, l'exclusion de certains au profit d'autres qui semblent plus fort. Cet aspect là est plutôt réussis en revanche.

Côté acteurs, Vincent Lacoste et  Anthony Sonigo forment un bon duo assez convaincant, en tentant d'interpréter l'ado parfait dans la situation adéquate. Pas facile en effet, mais les deux acteurs semblent aussi caricaturer leurs rôles, si bien que celui d'Hervé n'est pas crédible à certains moments. Auriez-vous remarqué aussi que les jeunes du collège sont toujours habillés de la même façon ? Un détail, mais qui pousse à se demander là aussi, ce que Sattouf à chercher à dire à travers ce détail. Un ado qui ne fait pas attention à son physique, à la limite de passer pour une personne au physique ingrat et largement quelconque ? Sauf que pas mal d'ados aujourd'hui sont très « esthétiques ».

En somme, le film est très caricatural, drôle à certains moments, et à d'autres pathétiques. Mais il semblerait qu'il faille plutôt prendre ce film au second degrés, au risque de pas vraiment apprécier l'humour de Riad Sattouf.

LA NOTE: 12,5/20