Cine-emotions

Gainsbourg et le conte imaginaire.

Joann Sfar fait l'évènement en ce début d'année avec le film sur Gainsbourg (Vie Héroïque), coincé entre le biopic réaliste et le conte imaginaire.


Le film de Joann Sfar (plus connu en bandes dessinées dont la série la plus connue reste Le Chat du rabbin) ne veut pas prétendre être un biopic. En effet, il est difficile dans ces cas-là de réellement donner un genre à ce film. Il va raconter des parties de la vie de Serge Gainsbourg, mais comme l'imaginaire du réalisateur le voit. Ainsi, ce long-métrage de 2h10 alterne entre des moments connus du chanteur, ses chansons les plus fameuses, ses relations avec les femmes. Le film insiste beaucoup plus la jeunesse et le succès de Gainsbourg, passant trop rapidement sur la partie Gainsbarre (même si on comprend que les beuveries, l'alcool et les cigarettes ont eu raison de l'artiste qui meurt d'une cinquième crise cardiaque en 1991). Le contraste est assez frappant: le début du film est rythmé, enjoué, poussant avec force l'humour (la scène avec France Gall avec l'évocation des «sucettes à l'anis») alors que le final perd de sa cohérence et de sa crédibilité.


Il est toutefois intéressant de voir la façon du réalisateur à raconter Gainsbourg. Notamment à travers son fameux double, qui lui dicte assez souvent le chemin à prendre, notamment lorsqu'il s'agit d'écrire pour Juliette Gréco. Ainsi, c'est ce double qui va rythmer la vie du peintre devenu chanteur, quitte même à la faire. Ce sera la révélation avec l'écriture de Boris Vian (Philippe Katerine), Juliette Gréco va donc connaître le succès avec La Javanaise ou Accordéon. La suite se fera avec France Gall (interprétée par Sara Forestier) avec notamment Baby Pop. Le film garde aussi de l'érotisme pour l'histoire avec Brigitte Bardot (sublime en Laetitia Casta) et les titres Harley Davidson, Je t'aime... moi non plus, Bonnie & Clyde. La passion sera courte mais torride. Sur le long du film, Eric Elmosnino est juste, étonnant de réalisme dans la peau de Serge Gainsbourg. En somme, les passages sont savoureux, rythmés et sincères.

Le défaut principal reste donc au final. S'il ne se passe pas une minute sans une gitane, si même l'alcool et la fumée de cigarettes restent prépondérants, la dérive de celui qui était Lucien Ginsburg dans sa jeunesse, devenu Serge Gainsbourg, pour finir en Gainsbarre, l'homme devenu légende et sombre à la fois est trop peu évoqué. Probablement car ce passage de correspond au rôle de héros que Joann Sfar veut donner à son artiste. Une vie héroïque qui aurait très bien pu être une vie érotique. Quoiqu'il en soit, ce conte imaginaire camouflé en biopic d'un point de vue personnelle reste le film à voir de ce mois de janvier.


Joann Sfar se retrouve à signer un conte imaginaire où le réalisateur donne un costume de héros à Serge Gainsbourg, raconte sa vision de la vie de l'artiste de sa jeunesse à la décadence. La première partie est puissante, alors que la suite perd en cohérence. L'ensemble reste puissant et original, la BO correctement utilisée.


NOTE : 15/20




25/01/2010
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