Cine-emotions

Une Education, le coup de coeur visionnaire.

Le cinéma anglais se fait rare sur les terres françaises, mais quand il est là, il force à l'admiration sans concession. Une preuve de plus avec Une Education.

 

1961, Angleterre. Jenny a seize ans. Élève brillante, elle se prépare à intégrer Oxford. Sa rencontre avec un homme deux fois plus âgé qu'elle va tout remettre en cause. Elle va découvrir une autre vie et l'amour.

 


 

Quelle bonne idée (loin d'être innocente) a eu la réalisatrice danoise Lone Scherfig (Italian for Beginners, Wilbur). Comme quelques chercheurs qui ont publié sur cette période, elle s'intéresse à l'évolution d'une société. La trame de ce film se situe au tout début des années 60, et nous offre une vérité éblouissant sur la société anglaise de l'époque, qui comment à rentre progressivement dans cette fameuse culture pop (dont Jenny peut en être un exemple) et qui va complètement changer la face culture et sociale de ce pays. Depuis déjà le milieu des années 50, des jeunes sont à la pointe de plusieurs mouvements, dans un élan de changement d'une société que l'Establishment régule trop facilement à l'image de la BBC. Ce mouvement se retrouve dans plusieurs groupes, dont le film en évoque certains : les Teddy Boys, vu comme des garçons sans réelles ambitions, les Beatniks (sorte d'ancêtre des hippies de la fin des années 60) ou encore les Coloured People, ceux que la société anglaise va très mal accepter (symbole dans le film des préjugés sur les noirs ou les juifs par exemple).

 

Le film arrive à décrire avec une perfection jouissive de cette ambiance, sans trop faire. On pourrait presque parler d'une semi-documentaire, tellement ce long métrage regorge d'éléments culturels. Car l'histoire culturelle des années 60 en Angleterre est passionnante. Et l'histoire de Jenny à l'aube d'une Angleterre qui va basculer dans la Beatlemania en 1963 et va connaître son âge d'or durant les années 1964-66 où le Swinging London est tout le symbole de ces changements culturels. Plus que l'actrice principale, un autre détail peut avoir son importance symbolique : au générique figure une certaine Duffy, symbole musicale de cette Angleterre des années 60 qui allie rapidement jazz et pop-rock pour donner naissance à ses propres groupes. Lorsque la chanteuse galloise débarque avec son album Rockferry, les critiques ne peuvent s'empêcher de comparer la chanteuse à des divas des années 50-60.

 


 

 

Il faut s'arrêter aussi sur la performance de cette jeune actrice, encore méconnue même pour les amateurs de cinéma. Carey Mulligan (aperçu dans Public Enemies ou Brothers) vient probablement de gagner ces galons de grande actrice. Une victoire aux BAFTA, une nomination loin d'être illogique aux Oscars, il est indéniable que son talent se faire ressentir. Elle a en réalité 25 ans, mais 16 ans dans le film. Et qui irait réellement dire le contraire. Elle dispose d'une éducation très feutrée, avec l'ambition des grandes écoles (ici celle d'Oxford, dont on continue à la comparer à Cambridge), un père qui souhaite la marier à un bon parti, et qu'elle continue à jouer du violoncelle. Une sorte d'éducation semi-bourgeoise qui va pousser beaucoup de ces jeunes à aller goûter secrètement à un autre type de vie. C'est ce que va faire Jenny, poussant indirectement par sa mère qui voir sa fille vivre ses frustrations, elle qui est désormais marié. Lorsque Jenny rencontre David (Peter Sarsgaard, vu dans Esther ou Boys Don't Cry), on se pose même la question de l'âge, d'ailleurs on ne connaîtra jamais l'âge réel de David. Toujours est-il qu'il entraîne Jenny dans sa vie, progressivement elle découvre son personnage, les doutes, mais aussi l'excitation d'une vie beaucoup haletante.

 

Il faut saluer les multiples qualités du scénario, signé Nick Hornby. Ce romancier de base s'est inspiré du récit autobiographique de Lynn Barber, une journaliste réputée qui officie dans les colonnes de l'hebdomadaire The Observer. Lynn devient donc Jenny pour offrir une belle leçon d'éducation, car le thème est bien là. On y observe celle des parents, mais aussi sa propre éducation, celle de la vie et de son apprentissage, là où les parents ne sont pas forcément d'une si grande utilité. On n'ose imaginer s'il fallait transposer cela pour les jeunes de nos jours. Peut-être que dans 40 ans, un scénariste aura l'intelligence de raconter cette jeunesse, qu'interprétera un ou plusieurs talents du cinéma du moment.

 

Un film qui se coince entre la fresque documentaire sur une société qui change à l'image des débuts de cette révolution pop qui va transformer l'Angleterre, et en même une vraie histoire où la jeune Carey Mulligan émerveille son spectateur par sa justesse et son charme.

 

NOTE : 16.5 / 20

 

 


une éducation _bande annonce VF
envoyé par metropolitan_filmexport. - Court métrage, documentaire et bande annonce.


26/02/2010
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