Titeuf le film : un épisode de série, en plus long
Après avoir cartonné durant de longues années à la télévision et en bande-dessinée, Titeuf débarque sans surprise au cinéma. Avec un réel intérêt ?
Catastrophe ! Nadia fête son anniversaire et Titeuf n'est pas invité ! Pourquoi ? Comment a-t-elle pu l'oublier alors qu'il soigne son attitude over-séductive à chaque fois qu'il la croise ? Mais un séisme plus important encore va secouer la vie de Titeuf et la faire basculer dans le chaos car décidément les adultes, une fois de plus, sont vraiment trop nuls… Titeuf, pareil à lui-même, va tenter de comprendre ce qui lui arrive et va multiplier les stratagèmes désastreux pour réparer sa vie… tout en ne perdant pas de vue son objectif : être invité à l'anniversaire de Nadia !
Lorsque l'annonce d'un Titeuf le film, de surcroît en 3D, a été officialisé, le critique avisé et regardant, peut assez logiquement croire à un petit commercial, histoire d'embellir un peu plus la franchise de ce joyeux cancre et de sa belle mèche blonde si célèbre. Un phénomène de salon, ou de chambre comme on veut, voilà ce qu'est Titeuf. Mais c'est surtout une très belle bande-dessinée signée Zep, qui propose les aventures de ce jeune élève de primaire à travers des petites histoires humoristiques, qui abordent différents sujets qui touchent à la fois les enfants comme les parents, que ce soit les vacances, les devoirs, les bébés, les punitions, l'amour, les amis, l'adolescence et on en passe. Du côté de la télévision, la série animée s'avère être plus longue, donc un peu plus profonde au niveau du traitement des thématiques. Avec toujours le même humour et une qualité de dessin toujours indéniable, Titeuf ne peut que plaire un peu plus. Pas étonnant alors de voir ce jeune héros débarquer au cinéma, dans ces temps où l'on y voir tout et n'importe quoi.
Pourtant, n'allez pas croire que cette version long métrage animé de Titeuf est une supercherie commerciale. Le film se dote pourtant d'une 3D inutile, visant à faire rentrer quelques euros en plus dans une caisse qui sera de toute façon assez bien remplie à la fin. Derrière ces petits hics, on peut se plonger dans aucun problème dans ce Titeuf et sa belle longueur d'une heure et demie. De la cour de récré où la bande de potes inventent des stratagèmes hallucinants pour faire inviter Titeuf à la fête de Nadia ou comprendre pourquoi sa mère a subitement quitter le nid familial pour « réfléchir », ce film toujours écrit et réalisé par Zep enchante les fans du cancre, et peut éventuellement charmer ceux qui peuvent le supporter. Les autres, passez votre chemin, c'est un message qui se vérifie pour d'autres qui se destinent à un public défini, de Justin Bieber : Never Say Never à Twilight par exemple.
Titeuf le film nous permet alors de nous replonger dans une enfance pas si lointaine, soit parce que ce qu'évoque le film nous le rappelle, soit par Titeuf faisait déjà partie de notre génération, notamment à travers la BD. Les thématiques classiques sont toujours présentes ainsi que cet humour pipi-caca assez typique à la saga, on y rajoute un peu plus de rythme et surtout une petite nouveauté : de l'émotion. Souvent absente des bande-dessinées ou autres séries télévisées, l'émotion arrive à fonctionner lorsque l'on évoque la séparation, sujet à la mode chez les enfants de nos jours, sur le choc psychologique que subisse les enfants (ici tourné en dérision), sur les premiers sentiments amoureux et la définition de ce qu'est l'amour, en opposant la vision très juvénile de Titeuf à la réalité sentimentale à travers ses parents. Dans cette version longue, Titeuf s'avère être un enfant encore plus torturé de l'intérieur, presque esseulé, ce que n'arrive jamais à montrer les vignettes d'une BD ou les vingt petites minutes d'un épisode télé. Bien sûr, tout cela apparaître un peu basique (cela reste un film d'animation, pas un cours de philosophie ou de psychologie), Titeuf continue de charmer sans pour autant se renouveler profondément. L'objet long métrage a même permis quelques délires qui passent pour des prises de risque, que ce soit de démarrer dans le monde préhistorique sous forme de rêve, ou dans un train façon western (à destination de la campagne) où Titeuf croise un rockeur aux fortes ressemblances à notre Johnny Hallyday national. Quoique l'on puisse en dire, Titeuf reste même ici dans sa version film une œuvre intelligente, drôle et sympathique.
Comme une franchise en appelle une autre, c'est Ducobu, le pire cancre scolaire, qui lui emboîte le pas et sortira sous la forme d'un film (et non pas d'animation) le 22 juin prochain. Avec Élie Semoun en prime. Allez profitez bien de ce over-méga-cool Titeuf finalement.
NOTE : 13.5 / 20
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