Minuit à Paris, déclaration d'amour de Woody Allen
Réalisateur prolifique en marge des
studios américains et pourtant toujours bien entouré, c'est en
voyageur amoureux et étonné que Woody Allen débarque à Paris,
pour notre plus grand plaisir.
Un jeune couple d’américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la Ville-lumière et qui aspire à une autre vie que la sienne.
Woody Allen est célèbre pour un
cinéma qui lui est cher. Les histoire originales finissent par se
ressembler, le tout dans une maîtrise de réalisation et des
thématiques redondantes. La première scène pourrait se suffire
à elle-même : Paris filmé, des grands monuments aux petites rues
pavés, une photographie absolument envoûtée et envoûtante, et un
charme déjà indéniable. En quelques secondes, le ton est donné.
Cette virée parisienne sera belle, plurielle, magique et en même
artistiquement intéressante. Pour mieux occuper l'espace qui lui est
donné, Woody Allen écrit une histoire qui reprend les thèmes
préférés du cinéaste, de la notion de bonheur au vide de
l'existence, en passant par la course contre le temps qui passe. Avec
Paris, il s'offre une autre vision, placée sur un piédestal. Son
personnage principal, écrivain en recherche d'inspiration, est
victime de la magie des nuits parisiennes une fois que minuit à
sonné. Une magie bien fantastique évidemment, basée sur un
imaginaire extérieur qui n'a rien d'irréaliste. Après minuit,
c'est donc un autre Paris qui s'ouvre à celui qui le désire aussi
hardemment qu'inconsciemment. Sauf que bien sûr, ce voyage magique
ne se fait pas dans le Paris des années 2000, mais bien des
décennies auparavant, pour remonter jusqu'à un siècle avant
aujourd'hui. Il s'agit bien là du Paris petit bourgeois et cultivé,
lieu où des Picasso, Gauguin, Matisse, Hemingway et autre Dalí ont
trouvé l'inspiration. Alors pourquoi pas Woody Allen après tout.
Film bourré de clins d'œil lorsqu'il évoque la culture et le
rapport que l'humain peut avoir avec, de la peinture à
l'architecture en passant par la littérature, la musique et même le
cinéma, c'est un regard émerveillé et amoureux que porte le
réalisateur américain. Il filme Paris dans l'angle dans la
découverte, comme une carte postale idyllique, donnant un autre ton
à des endroits qui nous paraissent familiers. On pouvait imaginer un
regard étranger défaillant, bourré de clichés (plutôt bien
utilisés par ailleurs), mais à la place on se retrouve avec un
réalisateur qui dirige sa caméra curieuse, avec une simplicité
étonnante, une nostalgie qui nous donne envie. A cela, on rajoute
une histoire romantique simpliste, mais captivante tout de même. Un
vrai bonheur de voir évoluer cette intrigue dans la ville dont
l'amour est un symbole par excellence. Sous la pluie ou le soleil
d'ailleurs. De la créativité et de l'originalité dans quelque
chose de ressassé, Woody Allen a trouvé le bon timing pour
exploiter son talent du mieux qu'il le peut.
La seconde scène sera celle de l'introduction du couple, où la belle Inez (Rachel McAdams) ne semble aussi dithyrambique sur Paris, alors que son compagnon Gil (Owen Wilson) semble lui fantasmer pour cette ville où il aimerait habiter. C'est un sacro-saint de présentation, assez typique chez Woody Allen et aussi désormais chez les autres, mais un passage obligatoire, et un peu plus simple que dans son dernier film, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, qui multipliait les histoires alambiquées. Outre le fait que Woody Allen peut se targuer d'être parmi les rares réalisateurs auxquels on peut affubler les termes « écrit et réalisé par » dans un générique, il est aussi un grand directeur. Ses récents films l'ont prouvé, avec des castings toujours impressionnants, de Match Point (avec Scarlett Johansson) à Whatever Works (Larry David) ou encore Vicky Cristina Barcelona (Javier Bardem, Penélope Cruz), et des acteurs toujours aussi justes. Avec Minuit à Paris, c'est un fait toujours irréfutable. La preuve en est avec Owen Wilson, qui se bat pour être amusant dans le dernier film des frères Farrelly, et qui là brille et se fond dans le paysage avec un personnage central touchant et drôle à souhait. En revanche, il a fait de Paris un monde très américain, du moins au départ où on ne sent pas réellement la touche française. Du coup, hormis le rôle de Marion Cotillard (Adriana), les autres font office de figurants, même si on s'amuse à voir Gad Elmaleh en détective d'un soir ou Carla Bruni-Sarkozy en guide de musée. Woody Allen profite et tire le meilleur de cet énorme casting, que ce soit dans le personnage pédant et prétentieux occupé par Michael Sheen, ou bien les apparitions de nuit des Fitzgerald (Tom Hiddleston) ou de Salvador Dali (un excellent Adrien Brody).
Sans vouloir jouer la compétition à Cannes, fidèle à ses principes et à son mode de fonctionnement, Woody Allen a signé une joyeuse comédie sentimentale et porté un regard admirateur et savoureux sur la ville-lumière à travers les époques, avec beaucoup d'intelligence et un cinéma toujours bien à lui.
NOTE : 15 / 20
Bande-Annonce Minuit à Paris VOST par sortiescinema
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