Cine-emotions

Essential Killing, le coup de maître sensorielle

Après Quatre nuits avec Anna, l'auteur du Cri du sorcier et de Travail au noir Jerzy Skolimowski revient avec un thriller Essential Killing.




Capturé par les forces américaines en Afghanistan, Mohammed est envoyé dans un centre de détention tenu secret. Lors d'un transfert, il réchappe d'un accident et se retrouve en fuite dans une forêt inconnue. Traqué sans relâche par une armée sans existence officielle, Mohammed fera tout pour assurer sa survie.



Essential Killing peut être considéré comme un thriller soporifique pour bien des raisons, de la réalisation à l'interprétation. Il fait partie des innombrables films qui parlent d'évasion dans des lieux quasi sans vie, sauf une végétation abondante, quitte à devenir vraiment lassant. En essayant de mettre de l'originalité par la mise en scène et une photographie sauvage, Essential Killing n'invente vraiment rien dans le genre, captive dans les quelques premières minutes, pour finalement nous endormir sur tout le reste. Cette histoire se passe de commentaire, il faut juste regarder le film (enfin faut-il y arriver) pour comprendre qu'il n'y a pas grand chose a dire, mise à part un scénario commun a de nombreux autres films, mais aussi très peu de dialogues, et franchement inintéressants quand ils sont présents, et des silences plombants qui renforce l'impression lassante. De plus, sur un tel sujet politisé, Essential Killing ne livre aucun propos, renforçant plutôt l'aspect animal de ce Mohammed (Vincent Gallo), qui n'arrive  s'exprimer dans une certaine violence, celle qui exerce sur les autres, et sur lui-même pour survivre. On peut à peine se satisfaire d'un propos qui nous dit doucement que cette armée n'a rien à faire là, et que les prisons servent accessoirement à des cages de torture. Avec une fin subliminale assez prévisible, il n'est pas surprenant de dire qu'Essential Killing ne laisse pas indifférent. Il aura interpellé ceux qui y ont vu une brutalité physique et psychologique (qui ne tombe pas dans la surenchère), d'autres y auront trouvé un coin de repos profitant d'un film sans rythme et sans saveur.





Avec les premiers avis sur le film, on se tarde de voir la prestation, considéré comme la force principale de ce long métrage d'un réalisateur loin d'être un novice en la matière pourtant. Vincent Gallo reste assez satisfaisant, ne pouvant franchement donner plus puisque l'histoire ne le permettait pas. On remarque à peine la prestation d'Emmanuelle Seigner qui a aussi joué dans Le scaphandre et la papillon, qui interprète ici le rôle d'une femme muette prénommée Margaret. A croire qu'elle se doit d'être muette pour persister dans cette quête du silence et de la suggestion. Essential Killing joue sur l'omniprésence de Vincent Gallo (Mohammed) à l'écran, lui qui a aussi joué dans The last Mile, et qui n'échappe pas aux griffes du scénariste qui a décidé de lui donner un rôle sans dialogue. De plus sa performance n'est pas exceptionnelle au regard d'autres acteurs qui avaient touché dans Les Chemins de la Liberté, ou par moment surpris dans Mirages, malgré un prix du meilleur acteur à Venise. Il ne joue pas un rôle facile mais il manque de réellement donner un ton de crédibilité à son personnage, uniquement efficace dans l'optique de la chasse à l'homme, thème récurrent du traqué qui traque aussi la liberté. On a déjà vu tout cela il y a peu et surtout des acteurs qui ont un rôle similaire au sien et pourtant beaucoup mieux interpréter.

En résumé, une histoire au scénario plus que médiocre, des acteurs qui ne savent pas (ou peu) faire  passer des émotions et un film au final soporifique, dont on a du mal à comprendre comment il a pu se payer le luxe d'un Prix du Jury à la Mostra de Venise, des mains de Quentin Tarantino.


NOTE : 7 / 20







02/03/2011
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