La nouvelle guerre des boutons : la version de trop
Une semaine après La guerre des boutons version Yann Samuell, c'est au tour de Christophe Barratier de s'y coller, pour une version encore plus grand public, et toujours aussi commerciale.
Mars 1944. Alors que la planète est secouée par les soubresauts de la guerre mondiale, dans un petit coin d’une campagne française se joue une guerre de gosses… Car, depuis toujours, les gamins des villages voisins de Longeverne et Velrans s'affrontent sans merci. Mais, cette fois, leur guerre va prendre une tournure inattendue : tous les petits prisonniers se voient délestés des boutons de leurs vêtements, en sorte qu’ils repartent presque dénudés, vaincus et humiliés. Ce conflit porte désormais un nom : la "guerre des boutons". Et le village qui aura récolté le plus de boutons sera déclaré vainqueur… En marge de ce conflit, Violette, une jeune fille d'origine juive, fait battre le cœur de Lebrac, le chef des Longeverne. La véritable origine de Violette sera-t-elle dénoncée et découverte ?
La guerre des boutons aura été le théâtre d'une autre guerre sans merci. Celle d'un commerce désopilant du cinéma, au détriment de ce noble art, et surtout du spectateur. Sans vergogne, nos deux films se livrent un sacré combat de promotion. Le bouche à oreille aura difficilement son effet. Tentons de donner quelques pistes à ceux désireux de faire un choix. Car oui, il n'est pas conseillé d'aller voir les deux, sauf pour les irréductibles voulant absolument comparer les deux travaux.
On se retrouve donc face à deux copies bien inégales. D'une part, une version enfantine, plaisante et sincère, mais sans enjeux, signée par la patte de Yann Samuell. D'un autre côté, une nouvelle adaptation libre, un peu plus inspirée de la version cinéma d'Yves Robert de 1961, et surtout un peu plus dégoulinante d'euros salement distribués. A l'image du producteur Thomas Langmann qui a tout tenté pour se payer les droits du film afin d'en utiliser certains dialogues, La nouvelle guerre des boutons sonnent plus commerciale.
Artistiquement parlant, elle est surtout bien plus bâclée. L'originalité de l'enjeu nous offre un fait historique anecdotique, juste bon à évoquer cette époque d'une façon un peu plus décalée et moins dramatisante, ce qui n'empêche pas le pathos d'arriver au final. La formule Barratier est déjà connue depuis Les Choristes, et la construction semble la même ici. Le film commence d'une façon lente et au bout de 10 minutes, les limites du dialogues sont déjà montrés. Tournant en rond, sans créativité ni intérêt, ces derniers vont vite décevoir, pour ne jamais s'en relever. A aucun autre moment la version Barratier ne sera captivante, intéressante, ou même touchante comme le laisser entendre ce fameux enjeu. On a voulu à la fois tirer le meilleur de l'esprit du film d'Yves Robert, tout en gardant en clin d'œil au film de Louis Malle, Au revoir les enfants, datant de 1987. Le mélange n'est guère convaincant, et cette nouvelle guerre des boutons manque cruellement d'identité, contrairement à son concurrent du moment. Le problème se pose également chez les acteurs. Les noms sont reluisants, sans être forcément gages de qualité (Kad Merad, Gérard Jugnot par exemple). Lætitia Casta, dont on semble percevoir un autre clin d'œil avec son rôle tenu dans La Bicyclette bleue en 2000, est totalement transparente, son personnage nullement exploité. Même constat pour l'instituteur de Longeverne, alias Guillaume Canet, dont le personnage n'arrive jamais à donner une relation de caractère avec les enfants (si ce n'est dans les mièvreries faussement attachantes), et Eric Elmosnino s'en sort d'une bien meilleure façon chez Samuell. Côté enfant, on note l'ultra présence à l'écran de Petit Gibus, histoire de bien enfoncer la symbolique du spectateur s'attachant trop facilement à cette charmante tête blonde. Si Lebrac s'en sort avec quelques honneurs (Jean Texier pour une première à l'écran), le personnage de Violette (Ilona Bachelier) est grossièrement ressemblant à celui d'Anne Frank, grande figure de l'enfance touchée de plein fouet par la Seconde Guerre mondiale.
Où est donc passée la fougue et
l'inspiration de Christophe Barratier, celles qui avaient tant charmé
le public français avec Les Choristes ? Nul doute que cette
Nouvelle guerre des boutons sera à oublier rapidement. Cette
très mauvaise performance bâclée met d'ailleurs bien en évidence
que la bataille finale dans cette guerre commerciale, a été
remportée par la version de Yann Samuell.
NOTE : 8 / 20
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