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Le Chaperon Rouge : du recyclage au cinéma

En ré-adaptant le célèbre conte de Perrault, la réalisatrice de Twilight Catherine Hardwicke signe un Chaperon rouge déguisé en thriller horrifique juste pour le divertissement.




Dans une histoire inspirée d'un célèbre conte de fées, une adolescente se retrouve en grand danger quand son village décide de chasser les loups-garous qui terrorisent la population à chaque pleine lune. Dans un endroit où tout le monde a un secret et est suspect, notre héroïne doit apprendre à suivre son cœur et trouver en qui elle peut avoir confiance.


Red Riding Hood dans son titre original n'est pas la première adaptation au cinéma du célèbre conte de Charles Perrault, qui a bercé de nombreuses enfances. De Tex Avery à La véritable histoire du petit chaperon rouge, c'est souvent l'animation qui réinvente et adapte l'œuvre, dans les deux cas présents avec beaucoup de décalage, voir d'humour. Autant dire qu'il est en total rupture avec cette version 2011 et son esprit beaucoup plus sombre. Il faut attendre l'âge adulte pour en comprendre toute la noirceur, c'est de ce principe que naît alors cette version en thriller horrifique. Produit par la société d'un certain Leonardo DiCaprio, Appian Way, Le Chaperon Rouge apparaît très vite comme un simple divertissement qui se laisse regarder, mais qui déçoit très fortement lorsque l'on pousse le détail un peu plus loin. Déjà le terme d'adaptation est à prendre au sens très large, puisque l'esprit y est à peine représenté, volontairement plus sombre ici. Le Chaperon Rouge est plus un clin d'œil de costumes et éventuellement de citations mal glissées, plutôt qu'un réel travail fidèle et original. Le scénario reste la force principal d'un film dont on ne peut se douter du final. Le rythme en deviendrait lourd, toujours est-il que le suspense reste de mise, l'histoire jouant sur une histoire de regards aux yeux marrons. L'action fait monter une sorte de paranoïa dans ce village, surtout à partir du moment où le fameux Père Salomon (Gary Oldman, valeur sûre qui embellit un casting plus qu'il ne le sert) débarque pour débarrasser la population de la bête. En effet, ce fameux loup-garou peut être n'importe où et n'importe qui, le film jouant constamment sur ce fait scénaristique assez facile pour faire tourner en bourrique le spectateur qui risquerait de s'y perdre facilement vu la profusion de personnages et des différents secrets qui tentent de se rejoindre avec plus ou moins de cohérences. Hormis quelques détails qui prêtent à sourire (un hiver rugueux où la neige est reine, mais où aucune vapeur de chaleur ne semble sortir de la bouche des protagonistes), Le Chaperon Rouge se laisse regarder, mais n'invente strictement rien. Pire que cela il recycle des éléments récurrents du genre, sans aucune vergogne ni originalité de style.




Orchestré par la réalisatrice de Twilight Catherine Hardwicke, Le Chaperon Rouge est une belle occasion de dresser le portrait de références cinématographiques que l'on retrouve ici. Commençons par le genre du thriller horrifique qui évoque dans le même type d'histoire une terrible bête qui massacre à tour de griffes et terrorise la population locale, forçant à l'arrivée de spécialistes pour régler l'affaire, et qui font alors jaillir quelques secrets insoupçonnés. Du Tim Burton et son sublime Sleepy Hollow, référence très noire au tout récent The Wolfman, et même du côté français avec Le Pacte des Loups, c'est une classique constante qui rejaillit ici. L'aide extérieure est une personne masculine, au passé souvent trouble, qui n'a visiblement pas grand chose à perdre dans cette affaire. Cette entité doit faire face à un groupe plus rassemblé en face, dont certains sont bien déterminés à cacher leurs secrets, pour divers intérêts. Le culte du loup-garou refait son apparition ici, remplaçant le simple loup de la peur pour le conte original. Comme une étrange sensation de copier-coller, probablement réfuté par les créateurs du film, et qui laisse un goût amer.




Évoquons ensuite les thématiques du film, à commencer d'ailleurs par celles de la réalisatrice Catherine Hardwicke qui s'est faite spécialiste de l'identité adolescente et de tout ce qui peut en découdre (histoire passionnelles et sentimentales, secrets familiaux, quête de l'identité etc.). Avant d'adapter Twilight au cinéma, on lui doit notamment Thirteen et Les Seigneurs de Dogtown, deux films sur l'évolution dans l'adolescence, le premier raconte la dérive d'une jeune adolescente pour plaire et s'intégrer, et le second évoque le nouveau statut de stars d'un groupe de trois jeunes, au risque de mettre en péril une union. Avec une profondeur psychologique indéniable, Catherine Hardwicke s'avère être une vision intéressante sur l'adolescente, différente par exemple de celle proposée par Sofia Coppola. On la retrouve ensuite en 2009 aux commandes du premier épisode de la saga Twilight, qui va connaître un vif succès commercial dans la frange adolescente justement. En racontant l'histoire d'une jeune fille torturée par l'amour qu'elle porte à un vampire (puis bientôt à un loup-garou) avec tous les clichés qui en regorgent, la réalisatrice transpose ces thématiques universelles dans Le Chaperon Rouge, d'une façon trop évidente et sans surprise. Les comparaisons avec Twilight vont tellement se ressentir qu'on les retrouve dans les choix de plans, comme par exemple la scène d'intro qui survole un décor de sapins avec une cascade au milieu, que l'on retrouve également dans Twilight. Même constat avec les choix de lumières sur une scène de baiser en pleine forêt entre Valérie (une Amanda Seyfried sexy comme le veut son image depuis Chloé) et Peter (Shiloh Fernandez, sorte de Joaquin Phoenix en plus jeune et en moins bon). Inutile de préciser sur l'affiche destiné au public que c'est bien le réalisatrice de Twilight qui dirige le film, car à moins d'être aveugle ou d'être passer au travers de Twilight, ce film en est bourré de références ou de comparaisons. La rumeur parlait même de confier justement le rôle de Peter à un certain Taylor Lautner, ce qui aurait été le comble pour un film qui ne pourra se targuer d'être plus original que ses prédécesseurs.


Sans réelle saveur ni originalité, Le Chaperon Rouge n'est guère surprenant dans le fond et la forme, ce qui cautionne forcément l'afflux de mauvaises critiques sur le film, bien que celui-ci se laisse regarder comme un divertissement que l'on serait tenté de vite oublier.


NOTE : 9 / 20



21/04/2011
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