Cine-emotions

La Fille du Puisatier : un remake académique peu mémorable

70 ans après l'œuvre de Pagnol avec Raimu et Fernandel, c'est au tour de Daniel Auteuil de réaliser La Fille du Puisatier dans un film à gros budget et distribution conséquente.





En coupant à travers champs pour aller porter le déjeuner à son père, Patricia rencontre Jacques. Elle a dix-huit ans, il en a vingt-six. Elle est jolie, avec des manières fines de demoiselle ; il est pilote de chasse et beau garçon. Un peu de clair de lune fera le reste à leur seconde rencontre. Il n'y aura pas de troisième rendez-vous : Jacques est envoyé au front. Patricia attendra un enfant de cette rencontre. Les riches parents du garçon crieront au chantage, Patricia et son père, le puisatier, auront seuls la joie d'accueillir l'enfant. Une joie que les Mazel leur envieront bientôt et chercheront à partager, car Jacques est porté disparu..



Daniel Auteuil est un amoureux de Pagnol, comme beaucoup de français adorent ce monstre sacré du patrimoine culturel français. Celui a débuté dans le cinéma par la co-réalisation de Marius avec Alexander Korda nous a notamment gratifié de grands classiques, de Merlusse à La femme du boulanger, en passant Le Schpountz et La belle meunière, sans oublier Les lettres de mon moulin. Il inspire la culture populaire, aussi bien à l'écrit qu'à l'écran. Claude Berri pour le diptyque Jean de Florette et Manon des Sources, puis Yves Robert avec La Gloire de mon Père et Le Château de ma mère. Le choix pour Daniel Auteuil de se replonger avec amour et nostalgie dans l'oeuvre de Pagnol semble toute évidente, lui qui avait joué le rôle d'Ugolin dans le diptyque de Berri. Pour La Fille du Puisatier, Daniel Auteuil dirige derrière sa caméra et se paye le premier plan en interprétant le fameux puisatier, à l'époque joué par Raimu. Sans oser la comparaison avec cette gloire du cinéma, Auteuil signe un rôle émouvant, en essayant de s'attacher naturellement au charme ambiant de l'œuvre de Pagnol. Film aux allures de super-production cinématographique, produit par Alain Sarde (Mulholland Drive, The Ghost Writer) et Jérôme Seydoux (Bienvenue chez les Ch'tis, Rien à Déclarer), La Fille du Puisatier peut aussi compter sur une réalisation quelque académique pour s'auto-descendre. Effectivement, pas de prise de risque, ce film signé Daniel Auteuil n'est pas une relecture, mais plutôt une pâle copie sans réelle vie qu'il tente de faire avaler. Très simple à comprendre, ce film reste assez évasif sur l'émotion ou le côté social de l'histoire, se laisse regarder avec tout l'exotisme de Provence, et le charme d'une musique signée Alexandre Desplat. Au niveau des acteurs, Kad Merad tient étonnamment bien son rôle, il est même peut-être le plus touchant et criant de vérité. Quant à la jeune Astrid Bergès-Frisbey, elle garde un petit charme, mais ne prend pas la mesure de Nicolas Duvauchelle à qui elle donne la réplique. En revanche pour une première direction, Daniel Auteuil s'en sort plutôt bien, mais ne devrait pas faire de son œuvre un succès aussi populaire que celles de Pagnol, Berri et Robert et autre Oury. Il prépare d'ailleurs le triptyque Marius, César et Fanny.



NOTE : 12 / 20




03/05/2011
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