Cine-emotions

Santiago 73 Post Mortem : un ennui de qualité.

Avec une bande annonce séduisante, Santiago 73 Post Mortem prenait déjà le chemin du film coup de cœur. Trop vite peut-être.




Santiago du Chili, septembre 1973. Mario travaille à la morgue, où il rédige les rapports d’autopsie. Amoureux de sa voisine Nancy, une danseuse de cabaret soupçonnée de sympathies communistes, sa vie va être bouleversée par le coup d'État contre Salvador Allende...



Parfois le cinéma peut réserver des belles surprises, et quelque part, sans être un film exceptionnel, Santiago 73 en fait partie. Il est assurément un film ennuyeux tout en étant doté de qualités incontestables. En commençant par le mauvais côté du film, mais qui s'avère être son point fort : la réalisation, doublée par la mise en scène. Avec une caméra aussi lancinante que l'être le film, celle-ci gère son film par l'objectif, quitte à le rendre très lourd. Pourtant, elle nous offre aussi quelques plans intéressants, voir presque émouvants. Le rendu de l'image nous apparaît plus authentique grâce au choix de Pablo Larrain de filmer avec des objectifs des années 70, les mêmes que chez Tarkovski. Le réalisateur chilien confirme là des talents que les spécialistes avaient déjà aperçu lors de son précédent film, Tony Manero présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2008. Le film reste particulier également par l'absence de musique, remplacée par les sons de la vie quotidienne de Mario.





Le sujet était déjà ambitieux, laissant présager à un film politique passionnant. Ce ne sera guère le cas, rassurons-nous. On se retrouve plutôt avec une histoire plus intimiste, celle d'un inconnu du peuple, qui travaille à la morgue. Alfredo Castro (La Buena Vida, Tony Manero) qui interprète ce personnage lunaire, nous concocte une très belle prestation, qui attire ici un oeil fasciné par cet homme. Il s'éprend de sa voisine, et le scénario se trouve là une virée plus romantique que politique à vrai dire. Les deux forment un couple insignifiant, presque transparent. Paradoxalement, et en même temps il y a quelque chose de prévisible là-dedans, c'est bien la partie plus politique qui intéresse et passionne le spectateur, que ce soit lors l'autopsie d'Allende (où le film n'arrive d'ailleurs pas à donner une opinion sur les circonstances de sa mort) ou lorsque la caméra nous emmène dans cette morgue qui se remplie au fur et à mesure des cadavres, conséquences du tournant historique qui se déroule à l'extérieur. Le spectateur aurait probablement aimé quelque chose de plus rythmé et de réellement accrocheur. On finit par rester sur sa faim, à l'image de la longue scène finale, sujet à plusieurs interprétations.


NOTE : 11.5 / 20






19/02/2011
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