Cine-emotions

Robert Mitchum est mort : road-movie sous acides

Road-movie à la française maîtrisé par un acteur et sous acides durant une majeure partie du temps, Robert Mitchum est mort fait le levier entre le repoussoir et la fascination.




Franky est un acteur de seconde zone en pleine dépression. Arsène, son manager, croit en son potentiel de star, et l'embarque sur les routes d'une Europe improbable, à la recherche d'un cinéaste mythique, direction le cercle polaire. Une odyssée « mélancomique » entre vitamines et somnifères, rock'n roll et femmes fatales.



Aux allures de grand film américain d'une époque révolue, Robert Mitchum est mort est pourtant français, mieux il est européen. Ce ne sont que des mots puisque le film est clairement sous influence américaine, fait d'une façon évidemment ressemblante aux confrères américains. Robert Mitchum est mort est un mélange des genres, du road-movie pur et dur au film dramatique et mélancolique des années 50-60, qu'illustre justement un certain Robert Mitchum, et le film noir. Comment justement trouver la bonne formule pour en tirer un film digne d'intérêt. Dès les premières séquences qui introduisent cet acteur à la dérive (Pablo Nicomedes) qui pourtant interprète avec grand réalisme un scène de Fatal Angels. Son agent (un excellent Olivier Gourmet) est persuadé qu'il peut percer, et décide de l'embarquer dans une voiture volée à travers l'Europe pour faire la rencontre d'un célèbre réalisateur. Le titre n'est pas anodin bien qu'il ne soit jamais question de Robert Mitchum dans le film, lui qui excella dans les westerns notamment, et qui donne la réplique à Johnny Deep pour son dernier film Deadman, sous la direction de Jim Jarmusch qui inspire très fortement d'ailleurs le duo de réalisateurs. Mais Mitchum illustre plutôt une période faste et créatrice pour le cinéma hollywoodien, loin de la superficialité ambiante d'aujourd'hui. Clin d'œil à cette situation d'ailleurs la citation « Aujourd'hui, les films sont faits par des pharmaciens » qui d'ailleurs inventé ici mais tiré d'André de Toth, réalisateur hongrois plutôt méconnu du grand public, et qui lui aussi exerça dans les années 50. A ces influences cinématographiques plutôt nombreuses, rajoutons également le mélange des genres musicaux cette fois-ci, que le rock dur assez typique du road-movie par ailleurs, au rockabilly jusqu'à la musique électronique planante. Le film fait d'ailleurs apparaître les Screaming Kids, un groupe de « psychobilly » qui tire ses influences du cinéma de genre, et cela se ressent dans le look et les tonalités musicales. L'utilisation parfois abusive d'une musique électronique planante joue la rupture avec l'ensemble mélodieux, au lieu d'en créer une originalité. Si au niveau scénario l'histoire apparaît simple, le défaut principal du film finit par se découvrir dans le manque de rythme et de créativité : on passe d'une phase lente et molle, sans aucun intérêt, à des phases plus endiablées, soit grâce à l'effet road-movie, soit par le propos incisif, malheureusement trop peu présent. Alors qu'au départ on semble de délecter de cette œuvre originale, on finit par la rejeter puisqu'elle apparaît sans vie et lassante




Preuve qu'en France le cinéma est capable de sortir des travaux originaux et empreint d'empirisme cinéphilique, et bien qu'il soit tenu par un seul acteur, Robert Mitchum est mort fait preuve de beaucoup d'irrégularité et souffre d'un manque d'identité, manquant de réellement entraîner son spectateur dans ce délire sous acides qui se voudrait philosophique ou déluré mais pas trop.


NOTE : 10 / 20




16/04/2011
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