The Hunter, thriller politiquement (in)correct
Thriller qui s'annonçait politique, The Hunter n'apporte rien de nouveau ni même d'entraînant malgré les talents de réalisateur de Rafi Pitts.
Téhéran 2009, Ali récemment libéré de prison est veilleur de nuit dans une usine. Il vit à contretemps de sa femme et sa fille. Lorsqu'elles disparaissent dans les émeutes qui secouent la ville, Ali devient le chasseur, poursuivant froidement de sa haine un ennemi insaisissable, caché au cœur des villes aussi bien qu'en lui même.
« J'avais envie d'exciter ma génération ». Avec une telle phrase, ce réalisateur d'origine iranienne, exilé depuis la révolution, fait déjà pendre la bave aux lèvres de ceux qui espère un film ovni qui casse les barrières politiques et sociales d'un pays où la censure est encore très forte. The Hunter s'avère être tout l'inverse de nos espérances, ne serait-ce que celles purement lier au cinéma. Si le film se dote d'un esthétisme de l'image, grâce à une réalisation intéressante, ce n'est bien que le seul point positif que l'on retirer du film. La première demi-heure sert à la mise en place de l'histoire, montrant un quotidien lambda et surtout très routinier. La lourdeur s'installe et lorsque l'on commence à rentrer dans le vif du sujet, le film reste à la surface de son propos, jamais incisif. On image par exemple que lorsque l'acteur principal (qui n'est autre que le réalisateur) se retrouve face à la police après la disparition de sa fille et de sa femme après un échange de tir entre police et rebelles, une climat de tension va s'installer entre les deux clans, et que le film va prendre le parti d'une dénonciation. Son seul fait à ce niveau-là sera de montrer deux policiers différents, qui vont traquer l'acteur principal après que celui-ci ait abattu deux flics de sang-froid en plein Téhéran sur une autoroute symbolique, celle de la révolution. Ces deux policiers traqueurs seraient donc une image de la société iranienne: d'un côté le conservateur oppressif, prêt à abattre un de ses collègues si celui-ci refuse les ordres, et l'autre, un jeune beaucoup plus compréhensif et moderne. Le cliché est tendre, presque vaseux, et surtout fortement ennuyeux.
The Hunter ne fut pas un film facile à mettre en place comme le témoigne le réalisateur. Déjà parce que celui-ci a du prendre la place de son acteur principal après que celui-ci ait accusé un retard de six heures dès le premier jour de tournage. Pour éviter de faire tomber à l'eau le projet, c'est donc Rafi Pitts qui prend les commandes du rôle principal, sans réellement convaincre. Le réalisateur iranien témoigne ensuite des difficultés du film à se faire accepter par la censure, et surtout qu'il est impossible d'en faire un film politique, puisque le scénario a été transformé pour mieux passer. Par exemple, Rafi Pitts a dû transformer son personnage principal en un tueur fou plutôt que d'assumer le geste politique de ce dernier. On ne peut donc entièrement blâmer The Hunter, même si on se doit de lui accorder une mauvaise critique. En effet, The Hunter est très loin d'être aussi dénonciateur que le récent film de Bahman Ghobadi, Les Chats Persans, mais surtout pas assez iconoclaste par rapport au cinéma de Jafar Panahi, et notamment Le Cercle ou encore Hors-jeu. Le premier récompensé à Venise en 2000 évoquait les absences de libertés et les inégalités qui frappent encore l'Iran aujourd'hui, alors que le second avait fait encore un peu plus de bruit en racontant les risques de certaines femmes pour assister à des matchs de football. Rafi Pitts ne pourrait nier une envie de s'inspirer de cet esprit, mais le fait est que pour The Hunter, on est loin de se prendre d'empathie pour ce film qui n'arrive pas à dépasser le statut de divertissement efficace. Encore faut-il qu'il le soit...
NOTE : 10.5 / 20
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