Toi, moi et les autres : entre eux et nous, un grand fossé.
Comédie musicale avec des pseudos-chanteurs et des sujets rabâchés, Toi moi et les autres ne part franchement avec les meilleurs atouts.
Gab a une vie rangée : une fiancée,
un mariage en préparation, une famille aisée. Leïla ne s’autorise
pas à vivre la sienne : des études de droit, un petit frère
turbulent, une maman partie trop tôt… Alors lorsque Gab renverse
le petit frère de Leïla, c’est le choc des mondes et le début
d’une grande histoire d’amour qui va se heurter violemment à la
réalité.
Tina, la plus proche confidente de Leïla est sans
papiers, sous la menace d’une reconduite à la frontière et se
fait arrêter. Alors que le monde de Leïla s’effondre, Gab est
prêt à tout pour elle, même à s’opposer à son père, préfet
de police.
Et qui a dit que rien n’était impossible tant qu’on
a de l’amour ?…
Genre très compliqué au cinéma en témoigne les échecs récents de Burlesque ou de Nine, voilà que le cinéma français se risque à tenter ce pari fou. Concilier musique (avec une belle masse de reprises) et sujets modernes, le tout par des acteurs que le public a déjà adopté (Leïla Bekhti, Benjamin Siksou), Toi moi et les autres est presque sûr de son succès. Paillettes et thématique popstar dès le générique qui lance le film, le ton est donné: on ne pas voler très haut ici, et cela à tous les niveaux. L'histoire tout d'abord, est d'un basique à mourir, prévisible aberrant, et d'une mièvrerie à toute épreuve, absolument repoussante. La romance ne colle jamais, ne prends jamais, utilise les différents chemins scénaristiques pour entraîner son spectateur qui serait crédule de se prendre au charme, malgré le charme physique des deux acteurs. On assiste à un Roméo et Juliette des temps modernes, avec le côté musical en prime. Trop téléphonée, l'histoire romantique qui se déroule sous nos yeux n'intéresse pas, et ce n'est pas les partitions musicales et autre chorégraphies qui arrivent à des moments où franchement elles auraient dû s'abstenir, qui vont nous convaincre. Essentiellement fait de reprises qui vont de Brel à M,en passant par Téléphone ou Zazie (on se croirait aux Enfoirés!), le côté musical n'est guère plus convaincant, entre les pauvres a capella et des voix tordues, des chansons qui prennent leurs grands airs pour vous tirer les grandes eaux, surtout vers un final complétement démago et hors de propos.
Au delà d'une comédie musicale,
Toi moi et les autres se doublent d'une critique
politique exécrable. Un anti-sarkozysme exacerbé, c'est bien ce
qui pourrait caractériser le propos du film qui attise la haine
contre les politiques d'immigration et d'intégration du gouvernement
de droite, même si les images d'archives du final se veulent plus
globalisantes. Au départ, c'est amusant grâce à un côté comique
qui parodie les futurs enfants du couple de riche formé par Alex et
Gab, (Nicolas, Jean et Carla), ou sur le clin d'œil à Hortefeux et
son « Quand il y en a un ça va, c'est quand il y en a beaucoup
que ça pose des problèmes », beaucoup plus à propos
vis-à-vis de la thématique utilisée. Par contre derrière, le
scénario lance les paquets de mouchoirs en prévision de l'horreur
qui arrive. Forcément, l'histoire se veut attachante, les cas des
personnages intrigants, et surtout aux yeux de la jeunesse, ces
images d'expulsions interpellent. Le film est trop manipulatoire, pas
assez crédible, continue d'entretenir les clichés et le fossé
entre le bien et le mal comme il veut le représenter si bien. Pauvre
et pitoyable, Audrey Estrougo livre une œuvre qui croit encore
que Liberté, Égalité, Fraternité, peut exister. Depuis sa
mise en place il y a plus de deux siècles, cette règle nationale
n'a jamais été appliquée. Et ce n'est sûrement une pauvre comédie
musicale qui va nous interpeller sur la question.
NOTE : 6.5 / 20
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