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L'affaire Rachel Singer, un remake trop irrégulier

L'affaire Rachel Singer, remake du film israélien La dette d'Assaf Bernstein sorti en 2007, dirigé par le réalisateur de Shakespeare in Love. Drôle de mélange pour un thriller politico-dramatique.






En 1965, trois jeunes agents du Mossad -Rachel Singer, David Peretz et Stephan Gold- orchestrent la traque et la capture du tristement célèbre "chirurgien de Birkenau" dans le but de le transférer en Israël où il sera jugé pour ses crimes passés. Mais le détenu tente de s’enfuir et la mission s’achève avec la mort du criminel nazi dans les rues de Berlin-Est. Les trois agents rentrent en Israël où ils sont accueillis en héros. 30 ans plus tard, Rachel est toujours célébrée dans son pays comme un modèle de dévouement et de courage. Et sa fille publie un livre qui relate toute la mission du trio, de l’identification à l’enlèvement, puis à la séquestration du médecin nazi à l’ombre du Mur de Berlin. Mais bien des choses se sont passées depuis. Rachel et Stephan ont été mariés et ont divorcé. Et David n’est toujours pas en paix avec lui-même ni avec Rachel. Un sentiment de doute et d’incertitude plane sur le trio. Quand Stephan révèle à Rachel l’existence d’un vieil homme en Ukraine qui prétend être le véritable "chirurgien de Birkenau", la possibilité d’une compromission lors de la mission à Berlin-Est et d’un secret qui durerait depuis 30 ans émerge soudain. Rachel reprend le chemin de l’Europe de l’Est. Hantée par ses souvenirs, elle va devoir affronter les traumatismes du passé et enfin s’acquitter de la dette qu’elle a contractée tant d’années auparavant.



Dans une pure tradition américaine, tout film qui intrigue et serait susceptible de toucher plusieurs spectateur peut faire l'objet d'un remake. On se souvient par exemple du cas Brothers de Susanne Bier. L'affaire Rachel Singer ferait donc partie de ses films étonnants qui intéressent les producteurs américains. D'autant plus que cette histoire à de quoi casser les codes héroïques du genre américain, même si leurs héros ne sont justement pas américains. En effet, trois agents du Mossad ont pour mission de partir du côté d'un Berlin scindé en deux pour y capture le « chirurgien de Birkenau (interprété par un très froid Jesper Christensen). Construction sur deux périodes, le film débute apparemment par ce qui devrait être la fin, puis part sur les traces de cette histoire. L'intérêt est de garder éveiller le spectateur par un rythme intéressant. La partie la plus intéressante est donc bien celle où le trio se prépare à l'enlèvement du fameux docteur nazi, puis sa séquestration. Le côté thriller ressort avec convenance et rythme. La seconde partie est donc plus axée sur la partie récente, 30 ans après alors que la fameux mensonge ne peut plus durer et que l'histoire mensongère de ce trio éclate en morceaux.




Pour cette construction, ce sont des binômes qui se constituent pour les mêmes personnages mais avec trois décennies d'écart. Le plus intéressant est probablement celui construit par Helen Mirren et Jessica Chastain. Lui est une actrice confirmée qui ne s'égare jamais et joue avec justesse. La seconde est une des révélations de l'année, déjà admirée dans The Tree of Life. Les deux autres duos sont masculins, entre Sam Worthington / Ciàran Hinds et Marton Csokas / Tom Wilkinson. Un défaut qui va vite se révéler aux yeux du spectateur, c'est que Helen Mirren va vite se démarquer dans la partie plus récente, alors que Jessica Chastain arrive avec deux acolytes du moment à former un bon trio. Touchante, fragile mais en même temps femme qui ne se laisserait pas marcher sur les pieds, elle malmène un trio dont le sujet n'est pas uniquement qu'une course contre-la-montre pour attraper un sale type, mais aussi l'affaire d'un triangle amoureux qui se développe et continue d'avoir des conséquences même 30 après, comme le fameux mensonge. Sam Worthington est (enfin !) convaincant dans un rôle où il doit manier un brin d'action avec un côté sentimental retenu. Marton Csokas (Star Wars, Le Seigneur des Anneaux, Kingdom of Heaven, L'Arbre) complète un tableau brillant. Ces trois acteurs symbolisent donc la partie la plus intéressante, là où les dialogues et la douleur du passé ou des sentiments font rage et se mêle avec suffisamment d'intrigue pour captiver. Trente ans plus tard, même si Helen Mirren, la réalisation est trop conventionnelle. On sent que ce John Madden qui avait donc mis en scène Shakespeare in Love salué par sept Oscars. Les plans deviennent alors lassants, l'émotion ne ressort plus, et on passe du petit polar intimiste et tapageur à quelque chose de beaucoup plus consensuel et qui ne peut retenir l'attention.


NOTE : 11.5 / 20






19/06/2011
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