Cine-emotions

Un heureux événement : un film flou et sans saveur particulière

La venue au monde du nouveau-né fait l'objet de nombreux films français depuis la rentrée. Le dernier en date est une comédie dramatique, signée Rémi Bezançon.




"Elle m’a poussée dans mes retranchements, m’a fait dépasser toutes mes limites, m’a confrontée à l’absolu : de l’amour, du sacrifice, de la tendresse, de l’abandon. Elle m’a disloquée, transformée. Pourquoi personne ne m’a rien dit ? Pourquoi on n’en parle pas ?"



Trois ans après le succès du Premier jour du reste de ta vie (avec notamment trois César à la clé), Rémi Bezançon reprend le sujet de la famille en le restreignant au simple couple et à la naissance d'un bébé. Un heureux événement est une adaptation inspirée du roman éponyme de la philosophe Eliette Abecassis. Dans son ouvrage, elle raconte "la vérité" sur l'accouchement, affirmant que "la maternité est peut-être l’un des derniers tabous de notre société". Le film argue une vision intime de la maternité autour d'un jeune couple, Barbara et Nicolas. Selon ce que l'on peut ressentir, Un heureux événement témoigne d'une ambivalence et de contradictions, à l'image des premières scènes qui illustrent à mon sens ce propos. On commence d'abord par une série de cris de jouissance lors d'un acte sexuel, sur un fond noir étoilé : un poil ridicule, presque gênant et un peu surfait, mais pourquoi pas... On enchaîne ensuite sur la rencontre entre les deux personnages centraux du film, qui se fait dans le vidéo-club de Nicolas. Les deux s'y draguent à coups de films aux titres évocateurs : le coup de foudre se devait d'être rapide et efficace, avec une pointe d'originalité. Pour le coup, c'était donc réussi. Nous avons donc deux scènes absolument contradictoires sur le rendu final, une complétement inutile en guise d'introduction au film, et une autre plus sympathique pour ouvrir l'histoire d'amour que vont vivre Barbara et Nicolas.




Un Heureux événement se centre très rapidement sur le bébé, pièce-maîtresse de la relation. Avoir un bébé c'est beau et en même temps tous les préjugés sur le nouveau-né sont ici brisés. Au point même que nous pourrions quitter la salle avec plus aucune envie de vouloir un enfant dans les mois ou années à venir. J'ai encore du mal à comprendre comment une belle poignée de spectateurs affirment arriver à s'identifier à ce jeune couple ! De nos jours, avoir un enfant est un réel challenge financier, il faut être capable de permettre à son enfant d'avoir une vie digne de ce nom quant on se met d'accord pour le mettre au monde. Au bout de cinq minutes, le film pourrait très bien s'arrêter là, lorsque les présentations d'un deux sont faites (elle est en thèse, sans emploi, lui se tourne les pouces sans un vidéo-club). Sauf qu'Un heureux événement persiste dans un flou total. La première partie du film reste assez sympathique, plutôt fluide. La seconde bloque sur son sujet, évoque pêle-mêle plusieurs "réalités" et plonge dans un pathos inintéressant pour le propos. Rémi Bezancon a donc signé un film très difficile à cerner, volatil et sans réelle identité.


A base de belles tirades philosophiques, le film égrène des faits déjà connus de tous. Clairement, Un heureux événement ne nous apprend rien, rien de plus qu'un simple documentaire type diffusé sur ARTE. De l'accouchement en colonne vertébrale, la voix-off de Barbara (probablement le meilleur moyen d'expression de Louise Bourgoin pour ce film) raconte son périple, de son bonheur inconscient et presque irresponsable avant de vouloir un enfant, à ce qui se passe après l'accouchement. Assez naïvement raconté, Un heureux événement joue sur un faux-rythme qui alterne entre des scènes plus cocasses et amusantes (ce que laissait entendre justement les teasers) et qui semblent avoir un capital efficacité un plus important. En effet, le discours sans tabous y passe mieux, avec un regard décalé, impertinent et relativement drôle. Sauf que d'un coup, on revient à un propos faussement sérieux, bavard, et sans réel intérêt. Les différents sentiments s'enchaînent de façon à toucher le spectateur. Reste également une interprétation un peu plate, où Louise Bourgoin use et abuse de son ton sarcastique, de l'ironie, pour rendre son interprétation inaudible, en plus d'un personnage sérieusement agaçant. Pio Marmaï s'en sort sans trop de difficulté, mais ne possède pas la petite flamme supplémentaire, probablement là aussi parce que son personnage est assez limité. Il nous reste une Josiane Balasko, très juste en femme soixante-huitarde, et à l'image d'une autre définition d'une mère.


Au final, que nous dit ce long métrage ? Par grand-chose si ce n'est que La guerre est déclarée ou La Brindille sont des films sur la maternité et sa réalité, beaucoup intéressants que celui qui nous intéresse ici.


NOTE : 10 / 20



04/10/2011
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