Cine-emotions

Ma part du gâteau, la classe du cinéma de Klapisch

Un peu plus de huit ans après L'Auberge Espagnole, Cédric Klapisch revient avec une comédie dramatique très simple intitulée Ma part du gâteau. Celle du réalisateur dans le cinéma français n'est d'ailleurs pas si petite...





France, ouvrière, vit dans le nord de la France, à Dunkerque avec ses trois filles.
Son ancienne usine a fermé et tous ses collègues se retrouvent comme elle au chômage. Elle décide de partir à Paris pour trouver un nouveau travail. Elle va trouver un stage pour devenir femme de ménage. Assez rapidement, elle se fait engager chez un homme qui vit dans un univers radicalement différent du sien. Cet homme, Steve est un trader qui a réussi, il travaille entre la City de Londres et le quartier de la Défense à Paris. Les deux individus vont se côtoyer. Cette ouvrière va découvrir les gens qui vivent dans le luxe. Elle va finir par découvrir que cet homme, fort séduisant et sympathique, est en partie responsable de la faillite de son ancienne entreprise.



Une bande annonce qui ne cache rien ou presque, comme si elle disait déjà beaucoup trop sur ce nouveau film très attendu de Cédric Klapisch. Celui a qui l'ont doit L'Auberge Espagnole (et sa suite Les Poupées Russes) ou encore Un air de famille qui marqua d'ailleurs sa première récompense avec un César du meilleur scénario, retrouve sa place derrière la caméra. En 2008 il signait un film choral intitulé Paris, dans lequel jouait d'ailleurs Karin Viard et Gilles Lellouche. Avec ces deux acteurs symbolisant une fraîcheur du cinéma français, Klapisch décide de faire à la fois une comédie, et en même temps un film sur l'avertissement. Bien sûr le premier point est largement réussi, Karin Viard excelle un peu dans ce genre, avec notamment deux scènes qui ne demandent qu'à devenir mythiques, et donne une réplique audacieuse à Gilles Lellouche qui brille par son charme ravageur et ses réparties simplistes, malgré pourtant un véritable rôle de salopard quand on s'y penche un peu plus. En revanche, le second est lui presque anecdotique, puisque le film arrive à évoluer sur la vague, sans pour autant proposer quelque chose de novateur qui pourrait en apprendre un peu plus aux spectateurs. Avec un petit cours de suivi boursier pour les Nuls, Klapisch a bien compris que le propos politique et économique doit servir de fond d'écran et de fil rouge à la trame du film, éventuellement servir d'alerte ou d'illustration, mais ne jamais en faire un propos politique qui prime sur le reste. Par ailleurs, on se retrouve face à une comédie qui se double à la fois d'un petit propos politique qui doit représenter l'aspect dramatique, et en même temps on retrouve aussi une partie plus romantique où Karine Viard joue presque la psychologue d'urgence pour un Gilles Lellouche qui ne sait absolument pas s'y prendre avec les femmes.




Drôle, attachant et en même réaliste, Cédric Klapisch réussi avec ce film un tour de force très simple en apparence, et pourtant très loin d'être idiot. Entre les clichés qui peuvent paraître moribonds et déjà-vu (« En France, si on est noir et handicapé, on a tout ») dont le réalisateur semble s'amuser d'une façon assez sarcastique, on retrouve aussi une dénonciation plutôt habile et presque amusante de certaines réalités. Des clivages sociaux comme les symbolisent nos deux personnages principaux, jusqu'aux judicieux clins d'œil, Ma part du gâteau s'avère être un pied de nez intelligent et plaisant. Citons par exemple deux métaphores: la première lorsque France repasse en chantant à tue-tête Les rois du monde de la comédie musicale Roméo et Juliette, qui derrière son aspect musical dispose d'un discours universel sur les relations hiérarchiques entre les grands et les petits ; la deuxième lorsque France demande à sa fille de jeter du pain aux plus petits, quitte à ce que ces derniers se fassent agresser par les plus grands. Deux exemples pour symboliser que dans sa simplicité, ce film s'avère être une petite mine d'or en comparaison, avec beaucoup d'intelligence sans pour autant être d'une profondeur inouïe. Il est tout simplement accessible et compréhensible de tous, pour peu que l'on se laisse prendre par cette histoire. Plaisant aussi est le fait que ce long métrage ne tombe pas dans le pathos facile de la situation, à l'image de son final d'ailleurs, proposant un semblant de surprise. En préférant ici l'opposition entre deux personnes à travers l'action et les dialogues, plutôt que les films de foule, Cédric Klapisch signe un film habile et sensible.



NOTE : 15 / 20





09/03/2011
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