Shark 3D : un thriller d'amateur affligeant, avec des gros moyens
Croyant profiter du succès marinesque de Piranha 3D d'Alexandra Aja, le réalisateur de Destination Finale 4, David R. Ellis, offre un spectacle affligeant pour ce genre au cinéma.
Au soleil de l’été, Sara et ses
amis sont bien décidés à passer un week-end de pur fun sur une
petite île privée d’un immense lac salé de Louisiane. Pourtant,
lorsque Malik, le jeune footballeur vedette, sort d’une séance de
ski nautique inconscient avec un bras en moins, l’ambiance n’est
plus à la fête.
Convaincue qu’il s’agit d’un accident, la
petite bande embarque sur un speedboat afin de conduire le blessé à
l’hôpital de toute urgence, mais les jeunes gens vont vite
s’apercevoir que le lac est infesté de requins ultra agressifs.
Pour Sara et les siens, face à des prédateurs prêts à tout pour
qu’aucune proie ne leur échappe, c’est le début du cauchemar.
Assiégés, piégés, dévorés, terrifiés, très peu reverront la
terre ferme…
Lorsqu'il s'agit de persister dans une
voie qui n'est pas la sienne, mais avec des moyens financiers
monstres, on a des réalisateurs (et toute l'équipe qui suit
derrière) qui se font rois de la bêtise sans nom. David R. Ellis
avait déjà officié dans Des serpents dans l'avion avant de
tâter de la 3D sur Destination Finale 4. Jamais réellement
convaincant, ni dans l'intrigue, ni dans l'action, Ellis retourne
au reptile et à la mer (sujet qu'il connait bien pour avoir
travaillé sur Peur Bleue, Waterworld ou encore En pleine
tempête). Avec Shark 3D, il avait la possibilité
d'exploiter la 3D dans les fonds marins, chose que James Cameron
aurait bien aimé utiliser avec Abyss en son temps. Soit, sauf
que l'ingrédient est ici un énième prétexte commercial, puisque
presque rien ne se passe sous l'eau, et surtout, rien ne met en
valeur ce fameux fond marin qui n'est autre qu'un lac assez sombre et
plutôt basique. La 3D n'est utile que lors d'une explosion, ou
encore lors d'un saut de requin (anormalement grand) façon Willy
au-dessus de la berge qui le sépare de la liberté. Grandiose,
n'est-ce pas ?
Le thriller horrifique, s'il veut être réussi (du moins en partie), doit jouer avec maîtrise sur le suspense et la tension qui règne dans plusieurs scènes clés. Sauf que si Shark 3D se veut bien un film de tension, celle-ci ne fonctionne jamais car aucun effet de surprise vient nous illuminer la longueur. Pire que cela, on sait dès le départ qui va s'en sortir, et presque comment. De l'héroïsme à l'état pur, grossier et sans valeur, vient parfaire ce petit bijou de niaiserie. Shark 3D se laisse regarder... mais pas comme une œuvre de cinéma. Ce film veut surfer sur la mode du monstre marin avec le succès cinéma de Piranha 3D, qui avait au moins l'audace de se moquer des codes du genre et d'envoyer de la chair à toutes les sauces dans un badasse vraiment sympathique). Au final, il rejoint les plus anecdotiques comme The Reef ou l'inexplicable faux film d'exploitation Mega Shark vs. Giant Octopus. Il est quand même assez dingue de constater que plus de 30 ans après Les dents de la mer (Steven Spielberg, 1975), on ne sache pas faire un thriller digne de ce nom qui arrive au moins à la cheville du maître, que ce soit dans l'histoire, la technique ou même l'interprétation. A l'image de Shark 3D, on reste dans le cliché le plus total, on se moque du spectateur en lui offrant un sujet aguicheur, mais techniquement (et cela à tous les niveaux), il n'y absolument rien à retenir.
Ennui et mièvreries à grande échelle sont les maîtres-mots de ce pauvre Shark 3D que l'on va devoir oublier très vite.
NOTE : 7 / 20
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