Les Voyages de Gulliver : un film vraiment lilliputien.
Du conte satirique pour enfants, Les Voyages de Gulliver devient en 2011 un divertissement d'une nullité absolue. Chronique d'une décadence.
Au cours de son exploration pour un article de voyage Gulliver, atterrit dans le Triangle des Bermudes et plus précisément sur l'île de Lilliput. Alors que tous les habitants sont minuscules, Gulliver, lui, est devenu un géant...
1721, Angleterre. Un écrivain
Irlandais répondant au doux nom de Jonathan Swift vient de finir
l'écriture d'un roman satirique ayant pour titre anglais Gulliver's
Travel. Après être passé par la censure, le roman est publié
en 1726, complété par une version ultime en 1735, avant d'être
traduit dans quelques langues notamment par en français. Swift
est un romancier connu pour son engagement à travers la littérature
où à travers ses contes et pamphlets, il critique à la fois le
monde littéraire notamment lors de la querelle des Anciens et des
Modernes, qui donnera lieu à l'écriture de la Bataille des
livres. L'homme est également
un connaisseur politique, et n'hésite pas à dénoncer à travers
ses satires, textes ironiques ou encore pamphlets, les actions du
gouvernement au pouvoir à l'époque, par exemple avec la guerre
contre la France. Il avait d'ailleurs sa première œuvre majeure le
Conte du tonneau, ce
qui lui valu les foudres de la reine Anne. De retour en
Irlande, il commence à écrire sur Gulliver pour en sortir son roman
satirique. Ce que beaucoup considèrent aujourd'hui comme un conte
enfantin, à l'image des Voyages de Gulliver façon Rob
Letterman, n'est en vérité qu'un conte philosophique très riche en
métaphore et en propos acidulés.
1939, États-Unis. Cinq après son tournage, Les Voyages de Gulliver réalisé par Dave Fleischer et Willard Bowsky, sort en France. Le film évoque l'un des quatre voyage de Gulliver, le plus célèbre de nos jours, celui qui amène notre héros à Lilliput. La télévision, puis les contes pour enfants vont se délecter de cette histoire pour la tourner dans une version beaucoup plus accessible. L'esprit reste toujours le même autant: un homme devenu seul, débarque par un pur hasard sur une plage et se réveille enchaîné avec des lilliputiens haut de 15 cm. Puis il va découvrir cette civilisation finalement pas si éloigné de la nôtre, voir même meilleure. En effet, plusieurs aspects de la société lilliputienne semblent bien plus avancés que l'Angleterre de l'époque, pourtant les peuples passent leur temps à faire la guerre. L'histoire nous offre alors une morale savoureuse, à la fois réaliste (l'homme ne doit pas se croire au-dessus de tous, et prouver que la guerre est inutile) et en même temps proche de la science-fiction (un monde parallèle où vit une civilisation miraculeusement petite).
2011, France. Gulliver revient
sur grand écran, pour le bonheur des grands nostalgiques, et en même
temps des plus petits qui rêvent de découvrir la fameuse légende.
Croit-on penser. Effectivement, il y a de l'attente pour ce film,
surtout quand une jeunesse fût entre autres bercée par des contes
comme celui-ci qui nourrissent les fantasmes fictionnels les plus
fous. Une courte bande-annonce peut suffire à en faire déchanter
plus d'un. Ridiculement honteuse, cette version de Rob Letterman
est une honte cinématographique, porté par un Jack Black
horripilant. Celui que beaucoup considèrent comme l'un des
meilleurs acteurs comiques de la sphère américaine se ridiculise
ici à vouloir à faire un show visiblement pas du tout à sa taille.
Il est par ailleurs logiquement nominé aux Razzie pour sa
prestation. Ce ne sont pas les fesses visqueuses du célèbre acteur,
ni même les décors à la Sim City (de mauvais qualité dans ce cas)
qui nous font rêver, ceux qui voulaient retomber le temps d'1h30
dans une paisible enfance faite de rêves insensés. Le scénario
n'arrive même pas à faire ressentir les grandes thématiques du
conte, que ce soit le courage, l'amour, la paix, la fraternité entre
les peuples et autres. Rien ne fonctionne, tout est grossier, et il
serait presque déplacé de considérer ce film comme une bonne
œuvre, surtout quand on connaît un minimum l'esprit de Gulliver.
Swift doit se retourner dans sa tombe, le pauvre. En même
temps, il n'est pas le premier à subir ce genre d'offense
artistique. Allez donc demander aux frères Grimm par exemple.
NOTE : 5 / 20
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