Cine-emotions

Poursuite : cercle vicieux d'une femme qui se cherche

Dans l'optique de décrire la vie d'une femme comme pourrait l'être celle de tant d'autres, Poursuite soulève quelques questions pour un premier long métrage.




Audrey a quitté Eric. Reste leur fils de sept ans, Mathieu : Audrey le met chez sa mère, « en attendant ». Mais en attendant quoi ? De trouver un logement, un emploi, un compagnon stable ? Tout le monde voudrait savoir quoi faire de la jeune femme, bonne ou mauvaise mère, amante désirable ou «ex» qu’on ne veut plus voir, et elle, elle veut seulement se sentir vivante.


En s'imprégnant de l'histoire et de l'ambiance qui semble en ressortir, on peut être en mesure de s'attendre à un drame psychologique fort, où l'émotion et la réalité quotidienne tiennent une place importante, en même temps qu'un propos adapté. Poursuite, qui est le premier film de Marine Déak, montre une partie trop infime de cette ambiance pour accrocher son spectateur sur tout le film, même s'il distille quelques bonnes idées et un côté très intimiste qui aurait pu faire pencher la balance vers le côté intrigant et personnel. Pourtant la réalisatrice semble avoir compris que son film parle beaucoup pour ne rien dire, montrer quelques séquences inutiles, si bien que son œuvre pourrait ennuyer son spectateur. Alors elle fait preuve d'intelligence au niveau du scénario, comme par exemple le choix de couper la fiction au bout de 20 minutes pour basculer sur un style documentaire à travers trois interviews, dont celle du personnage principal. Conjuguer le récit avec une certaine vision de la réalité pour mieux communiquer avec le public. L'idée est bonne, mais pas franchement bien soignée. Elle n'arrivera à être pertinente que vers un final qui peut enfin tirer de l'émotion par un côté réaliste plus profond.




Marine Déak a fait son film avec très peu de moyen, et cela ce sent à la fois dans l'ambition de l'écriture et en même temps sur sa forme physique. Elle se retrouve à la fois derrière la caméra et devant la peau d'Audrey, alors que c'est son propre fils qui joue le rôle de Mathieu. L'utilisation d'une caméra un peu lourde parfois ne met pourtant pas en péril des qualités de prises de vue intimistes, même si l'écriture du film semble un frein à la véritable explosion de la thématique pour mieux servir le film. La réalité aurait pu être encore plus dure, comme si cette dernière devait parler un peu plus franchement au spectateur, quitte à être franchement violent par moment. On n'arrive malheureusement jamais ou presque à rendre compte de ces difficultés ou d'une sensation d'enfermement d'Audrey. L'idée de départ (par ailleurs très bonne) était de la mettre comme un personne lambda, classique, qui pourrait être n'importe qui. Mais là encore, cette idée là n'est pas nouvelle, et même si elle joue sur l'argument qu'il n'y a pas de distance avec le public, son usage récurrent commence à lasser. En revanche, le thème des difficultés de la maternité est très bien évoqué, avec pertinence lorsqu'elle doit se rendre compte que vivre avec un enfant ne ressemble pas forcément au bonheur de l'imaginaire populaire, malgré pourtant les tentatives. L'amour comme sentiment subliminal, voilà ce qui doit rester, tout comme cette femme qui malgré les difficultés doit s'assumer pour pouvoir vivre, quitte à faire des concessions.



NOTE : 12 / 20




11/03/2011
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