Cine-emotions

Hitler à Hollywood, l'ovni amoureux de cinéma

Titre provocateur et en même temps mystérieux, Hitler à Hollywood se déguise en sévère critique de l'industrie cinématographique entre passé et présent.





Lorsque Marie de Medeiros entreprend le tournage de son documentaire consacré à l'actrice Micheline Presle, elle retrouve la trace d'un cinéaste mystérieusement disparu en 1946, Luis Aramcheck. En mettant à jour un complot fomenté par Hollywood pour tuer dans l'oeuf la production cinématographique européenne d'après guerre, elle n'imagine pas que cette quête mettra sa vie en danger.



Alors le film démarre comme un simple documentaire sur une actrice légende, Hitler à Hollywood va vite s'avère être plus complexe et profond que son postulat de départ. En se transformant en enquête d'espionnage, le film de Frédéric Sojcher (réalisateur de la fiction Regarde-moi et du documentaire Cinéastes à tout prix) est une véritable plongée dans l'histoire du cinéma. Pas plus fascinant qu'un livre sur le sujet, le point de vue peut en être tout aussi intéressant. Maria de Medeiros (aussi convaincant soit-elle dans ce rôle peu évident) force donc des personnages à lâcher des vérités, pas forcément toutes crédibles, mais qui gardent un sens cohérent. Ainsi, on nous transporte dans l'univers du cinéma parlant, des grands succès américain et de l'omniprésence de l'industrie US à l'étranger après la Seconde Guerre mondiale. Centré à la base sur ce mystérieux Luis Aramcheck (cinéaste belge militant qui disparaitra après la guerre sans laisser de traces), HH devient une tribune pour dénoncer. L'activisme parfois horripilant de l'industrie du cinéma américain par l'intermédiaire de John McBridge, un sénateur très puissant à Hollywood, et proche du Président, pour arriver à un regard porté sur le cinéma européen. Le film évoque entre humour et réalité comme l'utopiste Aramcheck projetait d'aider le cinéma européen pour concurrencer Hollywood, et comment il fut balayer en silence. Déclaration d'amour au vrai cinéma, celui que l'on joue avec le cœur et l'envie. D'un Hollywood hégémonique et tyrannique, en passant par un Hitler défenseur du cinéma européen, le regard de ce film semble absolument ahurissant, c'est dans le propos plutôt que l'action en elle-même, que HH est convaincant. Déroutant dans son sujet, Hitler à Hollywood l'est aussi dans sa forme physique. Film dans le film, c'est son côté esthétique qui dérange et étonne. Déjà par la photographie très importante, mais aussi par ce choix de confronter l'image colorée numérique au noir et blanc authentique. Tout cela s'est bien évidemment fait en post-production avec Paul Englebert en chef d'orchestre, pour tenter de donner une autre originalité dans le film. Au final, Hitler à Hollywood semble être un film aussi passionnant dans sa thématique et son propos, que dans son aspect physique. Conscient ou pas de pouvoir dérouter le spectateur par l'image, ou de l'enfumer dans cette histoire foutraquement complexe, l'œuvre de Frédéric Sojcher n'en reste pas moins originale.


NOTE : 12.5 / 20




05/05/2011
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