Chez Gino : une comédie très mal cuisinée
Chez Gino, nouvelle comédie qui joue sur les particularismes régionaux, avec ici un immigré italien qui s'improvise roi de la pizza à Bruxelles. Avouez que ça donne envie ?
Gino, installé depuis trente ans à
Bruxelles, tient une pizzéria achetée avec les économies de son
épouse Simone.
Sa vie est bouleversée par la nouvelle de la
mort prochaine de son oncle d’Italie, un parrain de la mafia rendu
milliardaire par ses activités illicites. Une grosse part d’héritage
est promise à Gino. Seul hic, il lui faut pour la toucher, prouver à
son oncle, qu’il est bien devenu, comme il le lui a raconté, un
redoutable parrain régnant sur toutes les pizzérias parisiennes.
Gino commande alors à un réalisateur, un documentaire sur lui et sa
famille censé les présenter comme des truands de grande envergure.
Seulement le tournage ne se passe pas tout à fait comme prévu,
sa famille se rebelle, l’équipe se montre récalcitrante aux
ordres de Gino qui a tendance à se prendre pour son personnage et
quand un vrai mafieux, persuadé qu’il a affaire à un nouveau
concurrent s’en mêle, c’est la panique.
Outre une histoire dépassée et
d'une simplicité affligeante et qui n'arrive de surcroît pas à
faire sourire, ce sont les acteurs qui déçoivent. Anne
Mouglalis, que l'on voit suave chez Chabrol dans Merci pour le
chocolat, ou qui a récemment interprété Coco Chanel chez Jan
Kounen, attire plus la compassion qu'un réel désir. Même constat
pour un Sergi Lopez qui accumule les seconds rôles comme il lance
des boules de pétanques, en oubliant de viser le cochonnet, et pour
le premier rôle José Garcia. Autant dans le Mac,Garcia
apparaît crédible dans sa caricature parce qu'il va assez loin dans
le personnage et parce qu'il arrive à y être drôle, autant dans le
rôle de Gino, il feint la caricature, n'est jamais amusant et
surjoue autant que son faux personnage de mafieux dans le faux
documentaire qu'il commande, pour redorer son image vis à vis de la
famille. Il est à l'image du film, faussement caricatural, parfois
intéressant sur mais des courts instants et surtout très rares, et
qui n'amuse jamais. Le réalisateur Samuel Benchetrit qui avait
étonné la critique avec J'ai toujours rêvé d'être un
gangster, s'enfonce dans un faux film qui plonge lui-même
dans la médiocrité sans arriver à s'en débattre. A cela on
rajoute une histoire à coucher dehors dans un vaudeville faussement
théâtral comme le vaudrait si bien la tradition italienne. Les
français ont déjà du mal à faire des comédies sur eux-mêmes,
qu'ils n'aillent pas mettre leurs objectifs de caméra dans des
sujets qui les dépassent et dont ils n'arrivent jamais à prendre la
mesure. Vous voulez de l'italien et de l'humour avec des clichés
amusants, autant aller boire du regard et se délecter du dernier
film de Philippe Claudel, Tous les soleils, le message en est
d'autant plus amusant que pertinent.
Hommage à un cinéma à la fois dans une tradition de comédie française où un acteur porte le chapeau du comique à qui tous les gags doivent servir (De Funès par exemple) et en même temps, énorme clin d'œil au cinéma italien d'époque, des Fellini aux fresques de Tornatore. Qu'ils ne soient plus parmi nous ou pas, c'est une insulte faite au cinéma italien, qui fort heureusement n'est pas du tout de ce niveau, malgré que l'on ait aujourd'hui du mal à lancer sur les tapis des noms de chef-d'œuvres faits lors des deux dernières décennies. Seule la musique apparaît comme un point positif dans un désert de qualités, où le montage fait fuir autant que la photographie qui n'arrive à être pertinente que lors des flash-back, malheureusement là aussi peu crédibles au final. Les thématiques abordés, de la fierté familiale à la bouffe nationale comme patrimoine sonnent déjà-vues à des kilomètres. Inutile d'en rajouter...
NOTE : 6 / 20
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