Habemus Papam : Moretti a foi en la comédie
Le cinéma de Nanni Moretti est toujours un plaisir à regarder, engagé et décalé en même temps. Pour Habemus Papam, le réalisateur italien s'est payé le Vatican.
Après la mort du Pape, le Conclave se réunit afin d’élire son successeur. Plusieurs votes sont nécessaires avant que ne s’élève la fumée blanche. Enfin, un cardinal est élu ! Mais les fidèles massés sur la place Saint-Pierre attendent en vain l’apparition au balcon du nouveau souverain pontife. Ce dernier ne semble pas prêt à supporter le poids d’une telle responsabilité. Angoisse ? Dépression ? Peur de ne pas se sentir à la hauteur ? Le monde entier est bientôt en proie à l’inquiétude tandis qu’au Vatican, on cherche des solutions pour surmonter la crise…
Plus rien ne l'arrête le Moretti,
après s'être payé avec intelligence Berlusconi dans Le Caïman,
le voici désormais du côté des retraités en robe de soutane rouge
piquant. Pour Habemus Papam, Moretti est allé exorcisé le
Vatican au moment de l'élection d'un Pape. Son film parle du mal
de vivre et de la difficulté d’assumer ses responsabilités, à
l'image du Pape choisi, en l'occurrence le français Melville (Michel
Piccoli). Non sans rappeler Ecce
Bombo, son second long
métrage qu'il avait présenté à Cannes en 1978, qui évoquait le
mal être d'une jeune homme face au monde extérieur, Habemus
Papam reprend les mêmes
thèmes, sauf que le personnage est cette fois-ci âgé.
Une nouvelle fois présenté à Cannes, Habemus Papam repart assez logiquement bredouille, malgré son humour indéniablement efficace. Son regard satirique et sa justesse dans le traitement de sujets plus profonds (comme La Chambre du Fils en 2001) est totalement absent. Habemus Papam prête à sourire, assume un décalage proche de la parodie, mais le film n'intéresse pas plus. Il y a bien la présence de scènes saugrenues, comme lorsque les cardinaux du Conclave se mettent à jouer au volley-ball dans un tournoi organisé . Le personnage central du film de Moretti, interprété par un attachant Michel Piccoli, se perd peu à peu, ne proposant pas grand chose de captivant, et finit par se répéter à l'instar un final couru d'avance. En revanche, Nanni Moretti s'est offert le meilleur portrait de cet Habemus Papam, en interprétant ce psychanalyste étonnant qui est chargé de soigner et comprendre le nouveau Pape. Les meilleures réparties sont ainsi taillées pour ce personnage.
La thématique de l'homme refusant
ses responsabilités était intéressante, mais sans véritable fond
sur la longueur, Habemus Papam passe pour une comédie
simpliste, qui se laisse regarder grâce à son ton parodique.
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