[AVANT-PREMIERE] Hors Satan
Présenté à Cannes, et considéré comme un étrange réalisateur capable d'offrir des films étonnants, Bruno Dumont sort Hors Satan, qui pourrait bien en être le meilleur exemple. Mais pas dans le bon sens.
En bord de Manche, sur la Côte
d'Opale, près d'un hameau, de sa rivière et ses marais, demeure un
gars étrange qui vivote, braconne, prie et fait des feux.
La
fille d'une ferme prend soin de lui et le nourrit. Ils passent du
temps ensemble dans le grand domaine de dunes et de bois à se
recueillir mystérieusement au bord des étangs, là où rode le
démon…
Vu comme tel, le synopsis a de quoi
être aguicheur. Sauf que ce semblant d'histoire n'arrive jamais
à transparaître dans le film de Bruno Dumont. Un habitué de Cannes
(qui est d'ailleurs retourné là-bas pour présenter Hors Satan),
souvent récompensé (La Vie de Jésus, L'Humanité, Flandres)
et souvent capable d'offrir des films déroutants selon les genres :
du thriller horrifique comme TwentyNine Palms au drame
politique avec le très moyen Hadewijch. Après Flandres,
il retrouve ainsi ses origines nordiques pour signer Hors Satan,
un film qui « raconte » comment un homme serait en
quelque sorte une espèce de démon, plus ou moins bienfaisant. Il
est dans la lignée d'Hadewijch pour son côté mystique, mais
aussi parce qu'un acteur retrouve une nouvelle fois la caméra de
Dumont, cette fois-ci en premier rôle, à savoir David Dewaele. Puis
il y a la fille, une parfaite inconnue comme Dumont a l'habitude d'en
faire tourner. Elle est fragile, souvent victime d'hommes qui
l'approchent (que son compagnon des landes élimine). Hors Satan
ne réside donc pas sur une histoire, mais plutôt sur la beauté
qu'il essaye de transmettre à qui veut bien la recevoir. Il filme
les landes, longuement, à travers les pas de nos deux personnages
dont on ne connait pas l'identité. Ils marchent, puis
s'agenouillent, priant une espèce majesté céleste que l'on ne
connaît pas non plus (serait-ce le fameux diable promis, nous n'en
serons rien). Alors on reste sur ces prières adressées plutôt à
la nature, parce que les deux personnages évoluent dans une certaine
liberté, symbolisée par ces décors qui se perdent à l'infini.
Hors Satan joue aussi sur les sons naturels, qui charment
parfois, et à d'autres moments agacent, tant on se demande l'intérêt
de scotcher des micros au corps d'une personne alors qu'elle est en
train de marcher à 200 mètres de la caméra. Le son est lourd, vite
étouffant. Il ne réussit à nous transmettre ce message mystique
qui nous viendrait de la nature. Hors Satan
risquerait donc d'être un film incompris, probablement parce que son
réalisateur ne donne pas assez d'éléments pour le faire.
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