Dream House, l'erreur de Jim Sheridan
Casting alléchant et bande-annonce laissant entendre un croisement des gens, telle est l'apparence de Dream House.
Editeur à succès, Will Atenton quitte son emploi à New York pour déménager avec sa femme et ses enfants dans une ville pittoresque de Nouvelle Angleterre. En s’installant, ils découvrent que leur maison de rêve a été le théâtre du meurtre d’une mère et ses deux enfants. Toute la ville pense que l’auteur n’est autre que le père qui a survécu aux siens.
Après avoir expérimenté le biopic
(Réussir ou mourir), le remake (Brothers) et surtout
le drame (The Boxer, Au nom du père, In America), Jim
Sheridan se pose en homme polyvalent et talentueux. Fort de ce
statut, il s'engage pour réaliser un thriller d'épouvante après le
refus d'Erik von Looy (un premier signe, notez-le). Sheridan est donc
un artiste reconnu, capable par exemple de sublimer une histoire
grâce à ses talents de metteur en scène et de directeur d'acteurs.
Sauf que Dream House s'avère être un raté monumentale pour
Sheridan, qui a probablement dû se poser la question à plusieurs
reprises. La faute à un scénario signé David Loucka (illustre
inconnu dans le secteur), où la qualité de réalisateur de Sheridan
n'en ressortira jamais. Malgré un beau budget de 55 millions de
dollars, Dream House n'arrive pas à cumuler un horrible
scénario et une réalisation esthétique.
On a préféré complexifier un intrigue pourtant déjouée d'avance (il suffit de regarder la bande-annonce finale pour s'en rendre compte), plutôt que de pousser un peu plus les personnages. Le double Atenton/Ward est difficilement accessible, et d'autres comme celui de Naomi Watts (Ann Patterson dans le film) sont trop peu exploitées, alors que se cachait bien derrière elle un fantôme hitchcockien. De même les sœurs Geare (récemment vues dans Inception) font presque figures de figurantes, loin de l'enfant important comme dans le cinéma hispanique. Daniel Craig a beau être réconfortant, il n'amène pas un « plus » à ce Dream House difficilement regardable.
Au final on se retrouve avec une œuvre très pauvre à tous les niveaux. A l'image de cette fameuse réplique : « W-1-1-L 8-10-10 » pour Will Atenton (le nom que se donne pour Peter Ward pour échapper à sa réalité) prouve que le haut niveau voulu par le scénariste fait plus sourire tellement le twist semble grossier. Dans une première demi-heure, on se retrouve avec un Dream House ressemblant fortement à Amytiville, où une famille débarque dans une maison où se sont passées d'horribles choses. La suite est plus psychologique encore, et de l'épouvante, on bascule au thriller. On se retrouve alors avec une sorte mixage indigeste entre Shutter Island et sa complexité, et Les Autres pour le twist.
Convenu et volontairement compliqué
pour finalement s'avérer indigeste, Dream House est le
thriller d'épouvante à éviter en ce début d'automne.
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