Cine-emotions

Un amour de jeunesse : cinéma et sentiments amoureux

Amour et sentiments, de l'adolescence à l'âge adulte, une fresque dans la douceur et la sincérité pour la réalisatrice du Père de mes enfants, Mia Hansen-Løve.





Camille a 15 ans, Sullivan 19. Ils s’aiment d’un amour passionnel, mais à la fin de l’été, Sullivan s'en va. Quelques mois plus tard, il cesse d'écrire à Camille. Au printemps, elle fait une tentative de suicide.
Quatre ans plus tard, Camille se consacre à ses études d'architecture. Elle fait la connaissance d’un architecte reconnu, Lorenz, dont elle tombe amoureuse. Ils forment un couple solide. C’est à ce moment qu’elle recroise le chemin de Sullivan….



Il y a dans Un amour de jeunesse un film à la fois touchant et parfois émouvant, dur et doux dans sa façon de traiter le sujet. Le troisième de Mia Hansen-Løve raconte donc une histoire d'amour s'étalant sur presque une dizaine d'années, une histoire passant de l'âge adolescent, à celui de l'adulte. Sa caméra suit donc le parcours de ces deux jeunes, principalement celui de Camille, pour tracer une évolution des sentiments. Si la préférence va bien à Lola Créton, charmante et attirante dans ce film, l'interprétation est trop irrégulière dans ce duo, surtout lorsqu'elle se retrouve face à Sullivan, interprété par Sebastian Urzendowsky, dont on a l'impression qu'il récite un texte. Pas d'émotion à travers des mots qui pourtant ne demandent qu'à en transmettre. Cela semble alors indiquer que les sentiments que chacun ressent pour l'autre tournent autour d'un couple qui est voué à l'échec. Autre particularité du film : si les mentalités semblent changer à travers les années, les corps eux ne changent pas. La fiction ne peut pas tout remplacer.




Ce que nous montre également Mia Hansen-Løve, c'est notre incompréhension des sentiments adolescents. Eux-mêmes ont du mal à se cerner, mais cela semble encore pire pour les parents. Des adolescents incompris, qui sont en quête de leur moi. Le film ne réussit pas à cerner les problèmes de l'adolescence, survole les questionnements, s'avère répétitif et sans vraiment de relief, même si l'émotion pointe le bout de son nez parfois. Dans cet ordre d'esprit, c'est bien la partie « adulte » de ce film est la plus intéressante, la plus métaphorique, et celle qui interpelle un peu plus le spectateur. Pourtant, Un amour de jeunesse repose sa force principale sur l'écriture, et des dialogues souvent sensés et pertinents, visant à faire réfléchir sur les sentiments et notre interprétation de l'amour. Car finalement, qui n'a pas connu un amour de jeunesse, cette personne que vous avez aimé sans réellement savoir pourquoi, et qui vous hante encore plusieurs années après la séparation, comme un fantôme pourtant bien réel ? Le film parlera sûrement à ceux qui ont vécu cette situation. De ce sujet difficile à retranscrire à l'écran, la réalisatrice en parle avec douceur, malgré pourtant la dureté d'une séparation et d'une rupture. Les rythmes sont cependant un peu trop linéaires, même si la seconde semble beaucoup plus lumineuse et intéressante à suivre, comme par exemple les passages où architecture et sentiment de cœur ne font qu'un et joue des comparaisons (non sans rappeler Medianeras d'ailleurs). Derrière cette étude psychologique des sentiments amoureux, on note également le petit aspect carte postale lorsque l'action quitte la ville pour aller trouver refuge ailleurs, dans des herbes un peu plus folles. Mia Hansen-Løve n'a pas signé un petit bijou de référence sur la psychologie de l'amour, mais elle a signé une belle fresque, touchante et intéressante, bien qu'un peu trop irrégulière pour convaincre totalement.


NOTE : 12.5 / 20





10/07/2011
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