Derrière les murs (3D) : au cinéma de genre, rien de nouveau
Après le film d’animation, le cinéma de genre français expérimente pour la toute première fois le film tourné en 3D relief. Une façade comme on dit.
Auvergne, 1922. Suzanne, jeune romancière, décide de s’isoler à la campagne pour écrire son nouveau livre. Mais peu à peu des visions et des cauchemars font leur apparition tandis que de mystérieuses disparitions de petites filles sèment le trouble dans le village...
Derrière les murs avait deux arguments de choc pour attirer le spectateur. D’abord celui curieux de voir ce que peut donner un film tourné (la précision est importante) en 3D, et qui plus est dans le cinéma de genre. Ensuite, celui qui, connaissant un peu le domaine, sait comme un film de genre dont l’action se passe dans un passé très lointain, peut être efficace. Le cinéma espagnol l’a par exemple très bien compris, signant beaucoup de ses œuvres dans une action se déroulant dans la première partie du 20ème siècle. Force est de constater que cette touche espagnole se ressent dans le long métrage réalisé par le duo Pascal Sid et Julien Lacombe, deux amis d’enfance. En prime, l’histoire apparemment simple déroule des ficelles dont on sent la grosseur comme un énorme noyau au milieu de la gorge, mais finit par surprendre. Ou comment monter une histoire avec un semblant d’intrigue, deux petites de rythme et une ambiance de circonstance. J’entends de loin les critiques « Oui, mais c’est trop facile, réducteur et absolument pas rythmé ». Nul doute que ces critiques n’auraient pas tort. Pourtant, Derrière les murs réussit là où d’autres films de genre se sont plantés, c’est-à-dire dans la mise en valeur d’une histoire, d’une émotion toute particulière, et dans un mixage des genres efficaces, sans trop de frissons ni larmoyant, juste un bon mélange. Il faut dire que Laetitia Casta, femme écrivain en proie aux hallucinations, emporte pas mal l’adhésion, assez bien entourée par deux acteurs, Thierry Neuvic et le trop rare Jacques Bonnafé, personnage au physique parfait pour jeter le trouble. Derrière les murs, c’est un peu le film qui reprend des thématiques déjà explorées, dans un lieu déjà tout trouvé (un village pommé qui accueille une parisienne très étrangère). On sent comme un patchwork d’un esprit pseudo-thriller digne d’un épisode d’une saga de l’été sur Tf1, l’esprit d’une nouvelle de Maupassant, et en même la maîtrise d’une angoisse et une pirouette finale qui nous fait presque dire : « Mais ils se foutent de notre gueule ? ». Si la 3D est en revanche inutile (encore un argument commercial ou une réelle tentative), Derrière les murs se laisse regarder mais ne restera pas marquant dans le genre.
NOTE : 11.5 / 20
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