Cine-emotions

127 heures : un calvaire pas si retentissant.

Encore un nouveau film événement dans les salles, le drame aventurier de Danny Boyle, 127 heures.





Le 26 avril 2003, Aron Ralston, jeune homme de vingt-sept ans, se met en route pour une randonnée dans les gorges de l’Utah.
Il est seul et n’a prévenu personne de son excursion. Alpiniste expérimenté, il collectionne les plus beaux sommets de la région.
Pourtant, au fin fond d’un canyon reculé, l’impensable survient : au-dessus de lui un rocher se détache et emprisonne son bras dans le mur de rocaille. Le voilà pris au piège, menacé de déshydratation et d’hypothermie, en proie à des hallucinations…


Deux après le succès populaire de Slumdog Millionnaire, Danny Boyle est devenu un réalisateur attendu, preuve en est avec 127 heures. Adapté d'une histoire vraie, celle d'Aron Ralston qui a écrit un livre sur cette mésaventure, intitulé Plus fort qu’un roc, 127 heures multiplie les genres pour tenir en haleine son spectateur, malgré une fin connue d'avance. L'objectif n'est pas simple: Danny Boyle a une réputation à tenir, il a une histoire en apparence très simple, mais pourtant complexe à mettre à l'écran, 127 heures pourrait être un retentissant échec public et critique si le réalisateur des 28 jours plus tard, La Plage, Trainspotting et autre Sunshine, se plantait. C'est alors que commence le « James Franco show ». Celui qui garde encore précieusement et publiquement pourtant l'étiquette du second rôle (efficace soit dit en passant) de Spider Man, Harry Osborn, dans l'ombre de Tobey Maguire et de Kirsten Dunst, James Franco est en train de franchir un cap non négligeable pour sa carrière. Possible qu'il prenne même son envol dès 2011, tant l'acteur sera à l'affiche de nombreux films comme Your Highness (David Gordon Green), Howl (Rob Epstein, Robert Friedman) ou encore dans la peau du magicien d'Oz chez Sam Raimi. Dans un premier rôle confronté à un public massif, James Franco doit lui aussi convaincre après avoir fait ses preuves dans le passé avec plus ou moins de réussite. On affirm sans trop de précipitation que ce rôle dans 127 heures lui permet d'acquérir un nouveau statut. Au moins de se tailler la part du lion dans les récompenses internationales, même s'il y a peu de chance pour que celui-ci arrive à battre un Colin Firth au sommet.




Si James Franco seul excelle autant devant la caméra de Danny Boyle, c'est parce que ce rôle semble aussi taillé pour sa posture. Il incarne un Aron beau gosse de nature, qui ne cache son petit côté de super héros invulnérable qui ne doit rien à personne, et qui surtout peut se permettre de ne pas signaler où il va lors de ses excursions. Aron est un homme seul, et cette aventure fortuite va lui ouvrir les yeux sur sa condition, le mettre face à son passé. En cela, plus qu'un réel film d'aventure sur un fait divers assez glauque, 127 heures offre une réflexion intéressante sur la condition de cet homme, celle qui peut toucher le spectateur tant elle peut paraître universelle. L'autre point positif, c'est Danny Boyle qui arrive à tester ses limites, sans pour autant pousser trop loin l'aspect claustro du film, sans faire étouffer son spectateur. Il ne tombe pas dans le pathos tragique aussi facilement. Les exemples sont multiples, cela va du thème musical utilisé, qui hormis sur un air de Chopin avec le piano de la sœur d'Aron, touche dans le rythme énervé et presque hors de propos. Pourtant il y a bien quelque chose de convaincant justement, un autre esprit qui colle au personnage fort tout de même d'Aron (même si celui-ci cache en lui la réelle personnalité sensible évoquée plus haut). Le scénario (signé par Boyle et Simon Beaufoy) arrive à donner cette autre ambiance presque surprenante, où l'on peut passer de l'objet comique (où Aron se croit dans une émission radio et s'interviewe lui-même alors que son bras est toujours coincé) à l'aspect plus dramatique (des formes d'adieux à sa famille). En clair, Danny Boyle folklorise son sujet et son film, pour en donner une toute autre saveur.




Sans pour autant égaler les talents d'un film comme Buried, le film-concept de Danny Boyle tient la route avec conviction.



NOTE :  14 / 20






23/02/2011
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