[FOCUS ON] Gus van Sant, de l'art du cinéma indépendant au grand public
Figure majeure du
cinéma indépendant, Gus van Sant a réussi au fil du temps à
toucher le grand public grâce à des films comme Will
Hunting ou Harvey Milk, tout en
gardant son identité visuelle et en abordant des thèmes qui lui
sont chers. Avec Restless, le cinéaste américain explore à nouveau
des sujets récurrents dans sa filmographie, avec deux jeunes face à
la mort, en insufflant une pointe de fantastique.
Né à Louisville dans le
Kentucky en 1952, Gus van Sant grandi aux quatre coins des Etats Unis
dû au travail itinérant de vendeur de son père. Après avoir
obtenu un diplôme d’art de la Rhode Island School of Design, le
jeune homme part en Europe puis à Los Angeles où il travaille dans
la production et découvre les populations marginales qui peuplent la
ville. Après une courte expérience à New York dans la publicité
par la suite, le jeune homme s’installe à Portland. Il réalise
son premier long métrage, Mala Noche, en 1985.
Tourné en
noir et blanc, le film narre l’histoire d’un homme qui tombe
amoureux d’un jeune immigré clandestin mexicain. Produit par le
réalisateur avec un budget de 25 000 dollars, Mala Noche
connait un bon succès critique dans les festivals et permet à Gus
van Sant d’attirer l’attention des studios hollywoodiens. Mais
avec des projets de films se concentrant sur des personnages en marge
de la société, les idées de scénarios du jeune réalisateur ne
convainquent guère et le renvoient dans le circuit indépendant. En
1989, il tourne Drugstore Cowboy, centré sur un groupe de
junkies, mené par Bob (Matt Dillon), qui braque des pharmacies de la
côte ouest pour satisfaire leur dépendance.
Van Sant s’attarde à nouveau sur les errances d’une communauté marginale dans son film suivant, My Own Private Idaho. Très librement inspiré du roman City of Night de John Rechy et de la pièce Henry IV de Shakespeare, le film suit l’histoire de deux amis, Mike (River Phoenix) et Scott (Keanu Reeves), deux marginaux qui se lancent dans un road trip pour retrouver la mère du premier. Dans un mélange des genres, My Own Private Idaho explore différents thèmes dont la drogue, la prostitution masculine, la famille, l’autodestruction et l’amour impossible.
Avec le succès critique
du film, le prochain long-métrage du réalisateur américain est
attendu mais il va s’avérer être un véritable échec. En effet,
Even Cowgirls Get the Blues, avec Uma Thurman et Keanu Reeves,
ne convainc ni la critique ni le public. Gus van Sant réussit à
rebondir grâce à son film suivant en 1995, son premier long métrage
pour un studio. Pour Columbia, il dirige Nicole Kidman, Prête à
tout pour devenir une star du petit écran, face à Matt Dillon
et Joaquin Phoenix. Présentée hors compétition au Festival de
Cannes, cette comédie noire permet à Nicole Kidman d’obtenir son
premier Golden Globe de la meilleure actrice.
Gus van Sant gagne à
nouveau en notoriété grâce au succès de sa prochaine réalisation,
Will Hunting. Ecrit par Matt Damon et Ben Affleck, qui se
partagent les rôles principaux avec Robin Williams, le film est
centré sur l’histoire d’un jeune rebelle des quartiers
populaires de Boston qui est un véritable génie dans le domaine des
mathématiques. Nominé neuf fois aux Oscars, Will Hunting
offre aux scénaristes débutants une statuette ainsi qu’à Robin
Williams pour le meilleur second rôle masculin. En 1998, le cinéaste
américain entreprend un remake plan par plan et en couleurs du
célèbre Psychose d’Alfred Hitchcock. Deux ans plus tard,
Gus van Sant connait à nouveau un bon succès public grâce au long
métrage A la rencontre de Forrester, un film assez proche de
son précédent succès, Will Hunting.
Après cette percée
auprès du grand public, Gus van Sant va se tourner vers des films
plus expérimentaux. Dans les années 2000, il livre quatre œuvres
atypiques, inspirées de faits réels, centrées sur les adolescents,
leurs rapports aux autres et la mort. Van Sant réalise d’abord
Gerry, dans lequel il plonge Matt Damon et Casey Affleck dans
le désert. Co-écrit avec les deux acteurs, le film est tourné en
semi-improvisation. En 2003, il présente Elephant au Festival
de Cannes, où il obtient la Palme d’Or et le prix de la mise en
scène. Inspiré du massacre au lycée de Columbine, le film met en
scène les événements vécus différemment par plusieurs
personnages.
Le réalisateur poursuit ensuite son travail autour de
la mort avec Last Days (2005), une fiction centrée sur les
derniers jours d’un artiste qui ne supporte plus le poids de sa
célébrité, inspiré du destin tragique de Kurt Cobain. Gus van
Sant clôt sa tétralogie sur la mort avec Paranoid Park
(2007), narrant l’histoire d’un adolescent qui cause la mort
accidentelle d’un agent de sécurité. Dans ces films, le
réalisateur américain montre également son style visuel
poétique avec notamment une photographie soignée, des
travellings en steadycam et l’accent sur les personnages souvent
filmés de dos.
En 2008, Gus van Sant renoue avec le succès public grâce à Harvey Milk, un biopic sur cet homme politique, interprété à la perfection par Sean Penn. Avec son dernier long métrage Restless, le réalisateur reprend des thèmes qu’il a déjà abordés avec son exploration sur la mort, un sujet qui semble toujours l’inspirer.
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