Cine-emotions

The Reader, entre émotion et mémoire.

Une histoire dramatique et émouvante, où Kate Winslet arrache enfin un Oscar pour sa prestation, l'adaptation du livre Bernhard Schlink, « Le Liseur » ne fait pas l'unanimité dans les critiques, et pourtant.

 

En Allemagne de l'Ouest, 1958, un jeune lycéen est victime d'un malaise, mais il est secouru par une femme. Remis de ce qui sera une scarlatine, il va la voir pour la remercier, et va devenir son amant. Cette femme s'appelle Hanna Schmitz, 35 ans, contrôleur dans le tramway. Une relation étrange lie les deux amants, le jeune Michael fait la lecture pour Hanna, ce qui ressemble à une sorte de jeu. Mais un jour, Hanna disparaît et Michael est effondré, mais il va la retrouver là où il n'aurait pu l'imaginer. Huit ans plus tard, étudiant en droit, il assiste au procès de criminels de guerre nazis, et Hanna fait partie des accusés.

 

Revenir sur un sujet et des thématiques déjà-vu, tout en collant à l'œuvre de Bernhard Schlink, qui fut best-seller dès sa sortie en 1995. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, s'opère un travail sur la mémoire et la culpabilité, et ces thématiques vont continuer à s'étoffer au fil des années, avec les procès, les écrits et œuvres de rescapés. Mais ici, le regard est différent : on découvre une femme mystérieuse et imprévisible, qui cache plusieurs secrets que va découvrir Michael. Cette femme est en fait couverte par la honte, rongé par la culpabilité, parce qu'elle fut gardienne à Auschwitz, et elle fut accusée de plus de 300 meurtres, et condamnée à la perpétuité.

 


 

Cette femme est incarnée par Kate Winslet, qui avait déjà nominée auparavant pour l'Oscar dans la Meilleure actrice, notamment avec Titanic, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, ou encore Little Children. Sa prestation est tout simplement bluffante, où elle sait jouer entre le secret lourd et l'émotion. Elle arrive à jouer l'attachement, quitte à forcer le spectateur a devoir choisir un camp lors du procès. Michael va vite découvrir un secret qui aurait pu innocenter en partie cette ex-kapo : Hanna est analphabète. Le procès est le symbole parfait du travail de mémoire que chacun doit effectuer sur le passé, mais aussi une belle définition de la notion de culpabilité, de droit et d'amour. Tout y est pour sortir un film émouvant, prenant et attachant, bien que fortement hollywoodien.

 

Car voilà le principal reproche adressé au réalisateur Stephen Daldry (The Hours). Il utilise beaucoup trop la carte américaine, ce qui joue fortement pour un film qui aurait du être allemand, et en langue allemande, y compris dans les écrits (les textes et lettres sont en anglais). Des détails plus ou moins minimes, mais qui font perdre de la crédibilité au film par rapport au livre, qui lui paraît bien plus original et sincère. La musique, bourré de violons, semble en gêner certains, pour renforcer l'aspect trop sentimental et émotionnel qui n'arrive pas à faire décoller le spectateur. La situation est inversée à la fin du film, Hanna croupit et meurt en prison, à la veille d'être libérée, mais se sentant trop coupable, et Michael ayant grandit (Ralph Fiennes) se rend chez une rescapé des camps, dans un appartement luxueux de New-York. Les clichés sont là, et Le Monde décrit un « antisémitisme insidieux » dans sa critique.

 

The Reader, adaptation américaine d'un roman allemand réussit à offrir de l'émotion pour s'interroger sur les thèmes de la culpabilité, de la mémoire et de l'amour, consacrée par l'Oscar décerné à Kate Winslet. Mais l'aspect trop américain décrédibilise l'œuvre et dérange.

 

LA NOTE: 14/20

 

 

 



19/07/2009
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