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Michael Moore critique le capitalisme: convaincant ?

Michael Moore est de retours sur nos écrans, pour une nouvelle critique de la société américaine. Cette fois-ci, le réalisateur américain nous offre un brûlot contre le capitalisme, instigateur de la crise économique. Un bon documentaire pour  autant ?

 

« C'est la plus grande escroquerie de l'histoire américaine » nous dit Michael Moore. Pour son nouveau documentaire, il nous offre une dénonciation des hautes autorités décisionnelles et financières des Etats-Unis, accusant par ailleurs ces derniers d'être les responsables de la crise économique sans précédent que nous avons connu sur ces deux dernières années. En remontant ainsi à ces dirigeants scrupuleux, Moore nous montre un système injuste, fondé sur un profit insatiable et incohérent. Et pour un peuple qui trinque…

 

Et le film commence par un amalgame très fumeux qui nous compare par images et voix-off, Rome et son Empire, et les Etats-Unis aujourd'hui. Pour montrer quoi ? Que cela ressemble étrangement à ce qu'il se passe aujourd'hui aux Etats-Unis. En gros, des dirigeants qui ont toutes les richesses, et des pauvres qui trinquent à l'arrière plan, victime des pires souffrances, mais c'est surtout ceux qu'on ne voit pas, et qu'on ne veut pas montrer. Manque de chance, Moore a bien envie de les montrer, et par ailleurs de dénoncer un système abusif. Sauf qu'en commençant comme cela, le réalisateur américain nous offre une première comparaison douteuse qui certes ne manque pas d'air, mais qui pourrait être moyennement bien prise par les historiens ou économistes.

 

 

Michael Moore est-il retombé sur ses pieds ? En continuant sur la piste General Motors, victimisant et montrant les déboires des autorités sur sa ville de Flint, d'où il est originaire, Moore ne manque pas de se répéter, quitte à visiblement manquer de matière pour ses arguments (il en revient toujours à la même chose). En effet, on sent que le discours n'a pas réellement changé depuis Roger & Moi, où il avait dénoncé les abus de General Motors dans sa ville natale du Michigan. Mais Moore est décidé, General Motors, ce sont des gros méchants profiteurs. Mais cette fois-ci, ils ne sont pas seuls !

 

En effet, Wall Street, les banquiers, les traders ou encore les dirigeants politiques (bien évidemment les Républicains) en prennent aussi. Le pamphlet est brûlant, et l'administration Bush (encore une nouvelle fois cible des critiques dans les documentaires de Moore) est de nouveau vue comme manipulatrice, fainéante et hypocrite. Et voilà que Obama serait en sauveur ? La fin du film y laisse croire, des actions qui sont en faveur des plus pauvres, des combats qui tiennent jusqu'au bout pour faire craquer les dirigeants d'entreprises, c'est l'espoir qui renaît !

 

Si la visée est bonne, intelligente, avec l'humour que l'on connaît de Michael Moore (toujours efficace dans ce domaine), il semblerait que pour le coup, le réalisateur en colère (qui a honte de son pays… Il semblerait que Marilyn Manson l'ait influencé depuis Bowling for Columbine) s'enlise dans un complexe sujet. Avec des amalgames fumeux, des jeux d'humours douteux, des explications plus que complexes, des retours sur 1929, des tirades populistes un peu trop faciles, Michael Moore perd quelque peu de la crédibilité (ou de l'objectivité). Un exemple frappant dans ce sens : il interview un propriétaire d'une ferme qui va devoir être expulser, et ce dernier lui dit, « il n'y a plus de juste milieu »… On serait tenté d'y répondre : « Mais il n'y en a jamais eu, et là-dessus, le capitalisme n'a rien inventé ». Mais il a peut-être accentué ces écarts de richesse et ces malversations financières aux yeux des gens, et là Michael Moore ne se trompe pas.

 

Michael Moore nous offre un nouveau documentaire, sans complexe et très critique, symbole de son travail déjà vu avec Roger & Moi, Bowling for Columbine (son meilleur documentaire), Fahrenheit 9/11 et Sicko. Avec Capitalism : A Love Story, il s'enfonce dans une critique complexe, pas toujours convaincante, mais avec une grosse part de vérité.

 

NOTE : 11.5/20

 

 



26/11/2009
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