Cine-emotions

Reprenant le sujet devenu classique de l'homosexualité à l'écran, Le Fil s'envole vers la Tunisie tout en douceur, peut-être même trop.


Malik est un jeune homme qui vient à peine de dépasser la trentaine. Architecte de formation et vivant en France, il est contraint de revenir auprès de sa mère à la suite du décès de son père. Malik est aussi homosexuel et n'arrive pas à l'assumer en toute liberté face à sa mère, jusqu'à ce qu'elle le découvre par elle-même.

Depuis le choc de Brokeback Mountain en 2004, traiter de l'homosexualité et de la liberté sexuelle est devenu une sorte de jeu pour le grand écran. Qui arrivera le mieux à l'évoquer et dans quelles circonstances. Car l'homosexualité est toujours un débat dans beaucoup de pays, et reste encore un objet de tabou. C'est un peu ce que veut montrer le film de Mehdi Ben Attia (habituellement scénariste qui passe ici devant et derrière la caméra). Le personnage de Mehdi a donc du mal à assumer son homosexualité, d'autant plus qu'on en Tunisie. Son propos manque de réalisme et de profondeur, restant cloîtré au personnage interprété par Antonin Stahly Vishwanadan. L'ensemble est plutôt naïf mais garde un charme intéressant, préférant la légèreté et la douceur.


Il est probable que Le Fil manque un peu de brutalité dans sa façon d'évoquer le sujet. Claudia Cardinale s'impose en légende du cinéma et arrive sans difficulté à donner de la crédibilité a son rôle de mère. Mais son rapport avec le fils est moins convaincant. Le film manque cruellement d'émotion, laissant son spectateur sur sa faim. Le titre du fil est presque transparent, évoquant une sorte de métaphore où ce fils est retenu par un fil qu'il n'arrive à briser, ce que l'on pourrait comparer à son rapport à l'homosexualité. Il faut toutefois noter la réalisation plutôt intéressant, une belle carte postale de la Tunisie, et un petit humour sympathique venant attendrir cette comédie qui malheureusement n'arrive à décoller réellement.

Le Fil n'est donc pas un film référence sur le sujet d'homosexualité, manquant finalement de réalisme, d'émotion et de brutalité dans son propos. Le tableau final apparaît trop mièvre et peu convaincant, même si Claudia Cardinale s'impose ou que la légèreté du film et son humour font plaisir à voir.