Une Affaire d'Etat , le thriller politique qui accuse l'Etat.
Magouilles et corruptions dans les hautes sphères de l'Etat, voilà ce que nous promet Eric Valette, le réalisateur d'Une Affaire d'Etat, avec André Dussollier en vedette.
Un avion chargé d'armes explose en vol, au-dessus du Golfe de Guinée. Il se destinait à approvisionner les rebelles congolais pour libérer des otages français. Mais cette explosion va vite déclencher un scandale politique que l'Elysée et le responsable du vol Victor Bornand doivent étouffer avant de se faire rattraper par les meurtres en série, la presse, les renseignements généraux et la police criminelle. Une série d'évènements vont précipiter la naissance de cette « affaire d'Etat ».
André Dussollier (Les Herbes Folles, d'où il ressort bluffant) se retrouve une nouvelle fois avec un premier rôle, quitte à tout porter sur ses épaules, l'acteur français sait y faire, et il prend son rôle à la perfection. Il incarne Victor Dormand, chargé par l'Elysée en tant que spécialiste des affaires africaines (officieusement) et conseiller politique du Président de la république (officiellement), de ramener des otages détenus par des rebelles congolais. Et cela coûte que coûte. Quitte alors à livrer des armes de hautes pointures à ces rebelles, en guise de rançon, et tout cela pour l'image d'un président qui ne pense qu'à sa réélection. On ne peut alors pas s'empêcher de se remémorer cette trouble affaire des infirmières bulgares (même si l'on peut plus pencher sur le rôle de … Cécilia Sarkozy).
Mais lorsque l'avion et ses armes explosent en vol, Dormand doit étouffer l'affaire, et là aussi par tous les moyens possibles. Il doit à la fois libérer les otages, faire taire l'opinion et éviter de faire du bruit pour ne pas se faire descendre par un patron des Renseignements généraux qui rêve de s'en débarrasser. Visiblement à l'Elysée, on ne travaille pas main dans la main, selon Eric Valette. Dormand s'entoure donc, notamment de son bras droit, l'homme à tout faire (enfin surtout à exécuter), alias Fernandez, incarné par un dur Thierry Frémont. Et dans l'ombre, une flic d'origine arabe très moraliste, qui remonte la piste, veut venger la mort de son supérieur et tente de mettre en lumière ce scandale politique, incarnée par Rachida Brakni (Neuilly Sa Mère), un poil trop prétentieuse.
Une mise en scène efficace, une musique signée Noko véritablement d'ambiance, des acteurs plutôt bien choisis, les éléments pour le parfait thriller politique est là. On est pas trop politique (en évitant de s'attirer les foudres des dirigeants) et on se concentre sur l'action et spectacle, nous privant d'un peu plus de morale, qui n'aurait fait de mal à personne. Mais ça, c'est le spectateur qui ira se faire sa propre opinion sur le sujet. Le film est tiré d'un roman de Dominique Manotti, Nos fantastiques années fric (Ed. Rivages) qui s'intéresse plus aux aspects politiques de l'intrigue, le film ne fait alors que s'en inspirer. En perdant un peu de son côté moral, y préférant le spectacle, le film s'apparente plus à un téléfilm, un peu comme L'Armée du Crime de Robert Guédiguian.
Le réalisateur peut crier à qui veut l'entendre que son film n'est absolument pas politique, et ne destine surtout à viser des actions scrupuleuses venant d'un président actuel, voir de son prédécesseur, on a quand même du mal à le croire, vu les points très communs entre la fiction et la réalité. Les RI (anciennement RG) prennent plusieurs gifles dans ce film, au centre de toutes les corruptions et manipulations en tout genre, montrant l'incroyable « concurrence » entre ces sous-dirigeants pour s'octroyer des sortes de faveurs du Président. La Cour de Versailles n'est pas si loin que cela…
Un véritable thriller politique, à la fois moral mais pas trop, bourré d'actions et de mouvements, doté d'un casting intéressant et d'une mise en scène de qualité. Sans trop s'engager, Eric Valette vise tout de même à faire réfléchir son spectateur sur le rôle de l'Etat en coulisse.
NOTE: 14.5/20
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