Cine-emotions

Precious est ce fameux petit bijou indépendant remarqué à Cannes, tout droit venu d'outre-Atlantique où il a obtenu une grande reconnaissance.

Precious raconte l'histoire de cette adolescente de 16 ans, Clareece, dit Precious. Elle n'est pas comme les autres, et sa vie n'a rien d'un conte de fée. Dans les appartements aux couleurs très sombres, symboles de précarité, elle vit avec sa mère, qui ne cesse de la maltraiter. Elle a un enfant (à 16 ans) et en attend un deuxième. Pour couronner le tout, elle ne s'accepte pas physiquement et rêve d'une toute autre vie.

« Elle a bouleversé l'Amérique », c'est le slogan (on peut dire que c'est le terme, en période de remises de récompenses) que l'on peut trouver sur certains affiches pour mettre en avant cette fameuse perle. Il faut dire que son histoire à tout pour être bouleversante. Une mère qui la dénigre, l'accuse de tous les maux, notamment parce que le père de Precious a fait deux enfants à sa propre fille (on appelle plus du viol que de l'inceste). Gabourey Sidibe qui interprète en débute de personnage d'une adolescente obèse qui mène une vie désastreuse est criant de vérité. Et elle prend toute sa puissance lors de ces quelques scènes qui bouleversent réellement le spectateur. A condition de rentrer dans la peau de ce personnage. Face à elle, sa mère Mo'Nique, terrifiante à souhait, le genre de mère que personne n'aimerait avoir. Et on retrouve également une étonnante Mariah Carey, tout en nature (si absolument) qui joue presque la psychologue de famille pour pénétrer les secrets de cette jeune adolescente. On retrouve également Paula Patton (l'enseignante qui va remonter la pente avec Precious) mais aussi un certain Lenny Kravitz, qui n'arrive décidément pas à enlever son statut de sex-symbol.

Le film veut toucher en profondeur. Il se plonge dans une Amérique des bas fonds, pauvre, où la violence (physique ou psychologique) est constamment présente. Et le film arrive par quelques scènes éprouvantes à en rendre compte. Quelques scènes font directement penser à Ecrire pour Exister, où Laura Patton est devenue une Hilary Swank profonde en émotion, et ces passages de classe ou de séances d'écriture ne peuvent empêcher le rapprochement. En ça, il n'est pas forcément original, car il y a du déjà-vu. Là où il est plus puissant, c'est que plutôt pour le dramatisme à l'hollywoodienne, le film de Lee Daniels pourrait presque à certains passages faire office de documentaire, comme l'histoire paraissait trop réaliste. Il faut qu'il se base sur une nouvelle, Push, de Sapphire. Entre irrégularités de rythme, où les scènes chocs sont coupées par des sortes de rêves d'une autre vie, et des moments de puissance, où l'émotion subjugue l'histoire et les personnages, Precious s'avère être une agréable surprise, sans trop en faire.

Lee Daniels révèle une histoire déroutante, mais toute aussi émouvante. Gabourey Sidibe donne une puissance émotionnelle à son personnage, une jeune adolescente qui tente de redonner un sens à une vie déjà brisée.

NOTE : 13.5 / 20