Cine-emotions

Michel Blanc traverse une petite zone de turbulence.

Michel Blanc est de retour sur grand écran, à l'affiche d'une comédie d'Alfred Lot, où il campe un retraité qui accumule les soucis familiaux en tous genres.


Quand Jean-Pierre, retraité hypocondriaque découvre une petite tâche sur sa peau au niveau de sa hanche droite, que Cathie lui annonce qu'elle épouse Philippe (un garçon de bas étage), que Mathieu se fait larguer parce qu'il hésite à inviter son amant au mariage de sa soeur et que J-P apprend fortuitement que sa femme le trompe, l'équilibre familial implose...


Le Malade Imaginaire dans une comédie française à la sauce d'aujourd'hui, voici Une Petite Zone de Turbulence, où Michel Blanc joue l'hypocondriaque ou l'homme ayant trop de la mort. On peut tout de suite penser qu'il va mettre son humour au service du comédie française qui doit absolument éviter de ressembler aux autres précédentes (RTT par exemple). Sauf que Michel Blanc est à l'image du film: lourd et très moyennement drôle. Et ce n'est pas faute d'essayer, mais on finit par croire que les seuls gags du film sont dans la bande annonce. Les amateurs de la comédie française au cinéma devraient apprécier cet humour très classique (il n'y a pas d'autres mots) et un final encore trop prévisible.

Alfred Lot avait pourtant de bons sujets sous la main et à exploiter derrière la caméra. Ainsi, on retrouve le nid familial en proie à différents conflits qui touchent à des sujets de la vie quotidienne: l'amour, le doute du mariage, l'homosexualité, la peur de vieillir et de mourir, la confiance etc... Sauf que le tout est bien trop simplet, trop naïf. On aurait peut-être apprécier que le réalisateur de La Chambre des Morts insiste plus sur la psychologie des personnages qui jouent trop facile, perdant de la crédibilité. On aurait aimé un style à la Woody Allen (comme récemment dans Whatever Works). Il y a avait la place d'offrir à Jean-Pierre, un personnage qui enchaine les clichés avec intelligence mais aussi beaucoup de cynisme. Si certains dialogues tentent de s'approcher de cela, on reste encore d'être convaincu.


C'est une comédie qui manque cruellement d'imagination. Les scènes sont déjà-vues, les situations jouées d'avance, et le tout complètement prévisible et sans réel conviction. Une sorte de comédie gruyère par où s'échappe les bonnes choses pour finir à un simple divertissement que seuls les puristes pourront savourer. Car des comédies avec de l'imagination et un minimum de crédibilité c'est absolument faisable... Il suffit d'en être convaincu. Pour le casting, Miou-Miou apparait en femme convaincante, Mélanie Doutey joue de ses charmes sans réellement convaincre. Gilles Lellouche est la seule satisfaction de cette comédie bien pensante, adaptée du roman de Mark Haddon, Une situation légèrement délicate. Deux scènes sont assez frappantes: tout d'abord lorsque le petit de Cathie discute avec son grand-père (Michel Blanc) et qui lui demande s'il est drôle, ce dernier lui répondant non et que les gens en étaient convaincus. Ensuite, la scène du mutilation qui aurait faillit faire vomir Michel Blanc dans le livre, est tournée au ridicule, à la légère, prouvant ainsi le réel manque de conviction d'une comédie qui ne veut pas montrer grand-chose.


Alfred Lot nous offre une comédie plate et sans conviction qui touche par moments un semblant de maitrise, prouvant ainsi qu'il y avait de la place pour en faire un bon film. Trop peu d'humour et un jeu d'acteur très moyen sont le symbole d'un film qui tourne en rond. Une toute petite zone de turbulence dans le cinéma français...


NOTE : 9/20




18/01/2010
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