Cine-emotions

Nicolas Vanier présente Loup, son dernier film, sur la relation entre l'homme et la nature qui l'entoure, chez les Evènes. Entre un décor puissant, une histoire d'amour touchante, le film cache certains vices bien moins crédibles.

Sergueï est un jeune adolescent de 16 ans lorsqu'il est nommé Grand chef de la harde par son clan, les Batagaï. Son clan (dont le chef n'est autre que son propre père) est composé de quatre familles, et 3000 rennes qu'ils conduisent dans différents alpages. Pour cette saison, Sergueï doit continuer de faire perdurer cette légendaire coutume qui réussit à faire persister son clan. Mais la nature de ces steppes, c'est aussi les loups. Et alors qu'il pense pouvoir les chasser, il s'éprend d'une louve et de ses petits. Et sa vie va alors basculer…

Tourné dans les steppes de la Sibérie Orientale, Nicolas Vanier (Le Dernier Trappeur) nous offre des paysages sublimes, loin d'une réalité qui est la nôtre, là où la nature est reine, et où l'homme à su s'adapter et ne cherche pas à la dompter. Ce film qui pourrait s'apparenter de loin à un documentaire va vite ressemble tourné au dramatique. Sergueï va donc faire la rencontre de cette louve, et de ces attendrissants louveteaux (ce serait être insensible de ne pas dire que ces boules poils sont mignonnes). Et le jeune homme va défier les lois de son clan, s'attacher à ces loups qui pourtant n'auront aucunes pitiés à abattre un renne. Et pourtant, il persiste et continue de garder ce secret, qu'il va partager avec Nastazia, la belle qui lui est promise. Double amour donc pour Sergueï et en même temps l'obligation du devoir envers son clan. Le dilemme est intéressant.

On se retrouve face à une histoire qui va s'enfoncer dans la romance, l'histoire de sentiments. On assiste à une très belle histoire, limpide et simple, qui se destinerait presque à un public jeune. On touche à la légende du loup, et on le pose ici plus en peluche qu'en réel danger pour ce genre de peuple. Mais la visée du film reste claire : Il faut montrer l'harmonie entre l'homme et la nature, comme en témoigne la citation réaliste et adaptable encore de nos jours (« Chacun lutte pour sa survie… c'est un tout »). Et cela passerait donc par une relation très proche et forte en Sergueï et cette famille de loup à laquelle il va solidement s'attacher, passant les rennes au second plan.

Celui qui pensait avoir un minimum de documentaire peut rentrer chez lui, le film ne prétend (et heureusement) en apprendre plus sur les Evènes, ni sur les loups. C'est du connu, et surtout ce genre de relation entre l'homme et l'animal, c'est du déjà-vu, aussi bien en fiction qu'en documentaire. Du coup, le film se veut un minimum moraliste, mais surtout très sentimentaliste pour toucher. Et on ne peut s'empêcher en voix-off de faire référence au monde moderne, loin de connaître tout cela. Nicolas Vanier pose un hommage à cette tribu qu'il a rencontré, mais sa fiction est loin d'égaler la puissance de propos comme ceux de Nicolas Hulot ou Bruce Parry sur la nature.

Il y a de multiples exemples pour montrer ce manque de crédibilité qui ne saute pas forcément aux yeux. C'est une production francophone, avec des acteurs… francophones, comme l'acteur principal Nicolas Brioudes (qui en plus n'arrive pas à réellement convaincre). Les acteurs sont donc francophones avec des traits asiatiques, portant des vêtements laissant à penser qu'ils ont quand même mis les pieds dans le monde moderne. A 16 ans, on ne cache même pas sa sexualité chez notre cher Sergueï, et la caméra s'immisce dans la yourte du jeune couple. Et pour couronner le tout, une belle musique lyrique, qui emporte indéniablement au rythme du film.

C'est une chose certaine, vous pouvez très facilement succomber aux charmes de ce film, tant sur les louveteaux, sur l'histoire d'amour de ce jeune couple, et aussi bien sur les paysages fantastiques. Mais n'oubliez pas que c'est une fiction romancée, destinée aux jeunes, sentimentaliste et un peu moraliste. 

NOTE: 12/20