Cine-emotions

Après avoir tâté énormément de thématiques, M.Shyamalan se plonge dans l'équilibre du monde autour de quatre éléments. Une rédemption cinématographique pour le réalisateur ?

Air, eau, terre et feu, ce sont les quatre éléments qui régissent et font l'équilibre de la Terre. Sauf que les tribus du Feu ont décidés de déclarer la guerre aux trois autres nations, en apparence plus faibles. En l'absence d'un avatar, seul contact entre les éléments et les esprits, il est impossible de retrouver la paix et l'harmonie entre ces quatre nations. Aang, un jeune garçon issu d'une tribu de l'air se trouve être le nouvel avatar, et il doit désormais faire preuve de courage et de ténacité pour éviter que la nation du feu ne prenne le pouvoir définitivement.

Le Dernier Maître de l'Air est à la base une série animée de Nickelodeon qui se retrouve par ailleurs à la production de sa version cinéma. Une série à laquelle on a enlevé le titre « Avatar » pour des raisons purement éthique (Cameron quand tu nous tiens). Depuis 2005, la série connaît un succès incroyable. Pas étonnant alors que Paramount a sauté sur l'occasion et à chargé par la même occasion un certain M.Night Shyamalan de réaliser ce film. Et Paramount y croit tellement qu'avant la sortie américaine du film aux Etats-Unis, ils ont annoncés une trilogie. Alors si trilogie il y a, il faudra changer quelques éléments pour réussir une vraie bonne trilogie digne de ce nom.

Avant toute chose, il faut bien préciser que Shyamalan n'est pas le (seul) responsable de cette demi-déroute. Beaucoup de critiques s'amusent à le descendre depuis qu'il a signé un étrange film intitulé La jeune fille de l'eau. Pourtant là où Shyamalan évolue avec un certain talent pas forcément reconnu, c'est lorsqu'il s'agit de mélanger la science-fiction et une pincée de thriller. Ainsi il réalisait Sixième Sens en 1999 (que beaucoup considèrent comme son œuvre majeure), puis Incassable (dans un univers proche des comic-books). Il aurait pu réaliser trois autres excellents films si ces derniers n'avaient pas pris une tournure trop brouillonne : Signes (2002), Le Village (2004), Phénomènes (2008). Mais à chaque fois, Shyamalan créait l'évènement sans pour autant convaincre d'une façon plus unanime. En 2010, il change de registre pour se plonger dans une superproduction fantastique avec le Dernier Maître de l'Air.

Mais comme prévu, Le Dernier Maître de l'Air n'est qu'un amoncèlement de superbes images, d'effets spéciaux et une histoire puisée dans le fantastique. On ne peut s'empêcher de voir plusieurs autres films qui ont déjà tenté l'aventure fantastique et tout public, du Monde de Narnia à La Croisée des Mondes, en passant même par L'Histoire sans Fin. Pourquoi ne pas mettre en cause Shyamalan, du moins pas entièrement ? Parce que sa réalisation est parfaite et esthétique, sa mise en scène aussi. Son scénario est plus en dent de scie, à la fois adapté de la série animée et en même temps puisé dans ses aspirations bouddhistes pas forcément facile à cerner. On arrive un peu à se satisfaire de sa métaphore politique sur le contrôle du pouvoir et l'impérialisme d'un autre sur les plus faibles, mais c'est du déjà vu. Pour réussir le tout, il s'offre des décors intéressants et des effets spéciaux presque impressionnants. Un seul bémol : la 3D y est totalement inutile. Pas étonnant qu'elle ait été rajoutée devant le succès de certains films.

 L'autre véritable problème de ce film reste son casting : des acteurs pas du tout convaincants, presque inconnus. On sera indulgent avec Noah Ringer qui interprète avec un certain brio le personnage compliqué d'Aang, ce jeune avatar. Par contre, pas de pitié envers les autres, à commencer par Dev Patel. Son nom ne vous dit rien, mais son CV si ! Slumdog Millionnaire, pas plus, pas moins. Il en fut la révélation. Ici, il nous prouve qu'il n'est pas du tout prêt à la confirmation. Autour de lui, on retrouve le pitoyable Jackson Rathbone en protecteur (Jasper Cullen dans Twilight) beaucoup trop naïf pour être convaincant qui se retrouve avec sa sœur (interprétée sans trop de conviction par Nicola Peltz). Seul Shaun Toub arrive à se sortir de ce bourbier. A noter également une VF complètement hideuse, rien n'est fait pour arranger le film et des scènes de combat chorégraphiées à la Sexy Dance, ça devient presque trop lourd.

On ne peut juger Shyamalan qui n'évolue pas dans son univers propre, mais il n'arrive pas à rattraper un film d'une pauvreté affligeante qui sonne déjà-vu et doté d'un casting loin d'être à la hauteur. Pourvu que la suite soit bonne. Si suite il y a …

NOTE : 9.5 / 10